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Une Adelaide di Borgogna « brechtienne » à Pesaro

26/09/2023
Olga Peretyatko (Adelaide), Varduhy Abrahamyan (Ottone), Paola Leoci (Eurice) et Valery Makarov (Iroldo). © Studio Amati Bacciardi

Vitrifrigo Arena, 13 août 2023

La précédente production d’Adelaide di Borgogna au « Rossini Opera Festival » n’avait pas laissé un souvenir inoubliable, en août 2011 (voir O. M. n° 66 p. 54 d’octobre). Dans sa plate illustration en vidéo d’un sujet vaguement historique, Pier’Alli échouait, en effet, à offrir au livret de Giovanni Federico Schmidt un véritable ressort dramatique.

Arnaud Bernard a cru le trouver dans un second degré, basé sur le concept désormais bien éculé du « théâtre dans le théâtre » et une approche que lui-même revendique comme « brechtienne ». Sa mise en scène nous montre, en parallèle, le montage de l’opéra et les rapports au sein de la distribution (amours, jalousies, etc.), dans une vision plutôt caricaturale, à laquelle répondent l’esthétique du décor et la direction d’acteurs, qui nous renvoient à une époque antédiluvienne de toiles peintes et de gestes conventionnels.

Tout le premier acte se disperse dans l’évocation, très artificielle, du travail théâtral et de ses aléas. Il faut attendre le deuxième pour que l’œuvre reprenne pleinement ses droits, tandis que le décor, nettement inspiré de ceux contemporains de la création (Rome, 1817), dont nous n’avions vu que quelques éléments jusque-là, commence à prendre corps, jusqu’à un dernier tableau éblouissant, représentant la cathédrale où est célébré le sacre d’Adelaide par l’empereur Ottone, devenu son époux.

Dans un réjouissant télescopage entre fiction et réalité, le souverain dévoile alors son identité féminine et embrasse à pleine bouche l’héroïne éponyme, devant une assistance médusée – le metteur en scène s’empressant de faire sortir les enfants du cortège nuptial, pour les protéger de ce spectacle « scandaleux »…

De retour à Pesaro, où elle ne s’était plus produite dans un opéra depuis 2016, Olga Peretyatko a perdu de ses capacités de projection. La voix manque, en effet, de puissance, et tend à disparaître dans les ensembles. Néanmoins, la musicalité de la soprano russe n’est pas en cause, et son dernier air, très virtuose, met en évidence un sens du chant orné et des aigus toujours fiables.

Varduhi Abrahamyan est nettement plus convaincante en Ottone, rôle auquel elle offre un timbre riche et profond. La mezzo arménienne reste cependant trop uniforme en termes de couleurs, et ses coloratures manquent parfois de précision.

Côté ténors, l’Adelberto rompu au style rossinien, quoiqu’un peu anonyme, de René Barbera pourrait bien être éclipsé par l’excellent Iroldo de Valery Makarov, tandis que la basse noble de Riccardo Fassi donne un beau relief à Berengario.

Une œuvre un peu pesante, que la direction musicale du chef italien Francesco Lanzillotta, à la tête des solides Coro del Teatro Ventidio Basso et Orchestra Sinfonica Nazionale della RAI, ne parvient pas à tirer d’une certaine platitude.

ALFRED CARON

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