Opéras Un Don Pasquale vulgaire et inégal à Bergame
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Un Don Pasquale vulgaire et inégal à Bergame

03/12/2024
Roberto De Candia (Don Pasquale) et Javier Camarena (Ernesto). © Gianfranco Rota

Teatro Donizetti, 17 novembre

Repris, avec quelques changements, de l’Opéra de Dijon, où la production a été créée, en mai 2022 (voir O. M. n° 184 p. 44 de juillet-août), ce Don Pasquale nous a beaucoup ennuyé, tant il accumule poncifs et facilités, voire vulgarités, dans une esthétique de sitcom, aux personnages soit caricaturaux, soit mal définis.

Traité en grosse farce par Amélie Niermeyer, avec une agitation assez gratuite, le spectacle ne laisse pas de place aux moments de grâce ou d’émotion, que recèle la partition. Tout cela influence, probablement, la direction d’Ivan Lopez Reynoso qui, après une Ouverture prometteuse, se révèle énergique, mais avare de finesse et souvent bruyante.

Selon l’habitude du Festival, l’ouvrage est donné dans une nouvelle édition critique, réalisée par Roger Parker et Gabriele Dotto, comportant des mesures ou des détails d’instrumentation inédits. Et, surtout, la première version du duo entre Don Pasquale et Malatesta, plus longue – intéressante, mais, à notre avis, nettement moins efficace.

Le plateau, inégal, est dominé par le solide Don Pasquale de Roberto De Candia, sonore et mordant, pas très subtil, sans doute, mais à la diction et au chant « sillabato » imparables. Issu de la « Bottega Donizetti », Dario Sogos montre un bel aplomb en Malatesta, baryton sympathique, bien qu’à la projection encore modeste.

Giulia Mazzola, également élève de la « Bottega », ne fait pas grand-chose de l’air d’entrée de Norina, au petit grelot gênant dans l’aigu. Par la suite, la soprano tire son épingle du jeu avec vivacité, révélant des moyens adéquats et délivrant un rondo final très enlevé.

La déception vient de Javier Camarena, dont l’Ernesto paraît peu à l’aise. Certes, l’aigu peut toujours posséder beaucoup d’éclat, mais les attaques trahissent nettement l’effort, et quelques sons graillonnants inquiètent, surtout à l’acte I.

« Cerchero lontana terra » ne parvient pas à suggérer le poignant désespoir, faute d’un phrasé suffisamment à la corde et de demi-teintes. « Com’è gentil » sonne assez laborieux, et « Tornami a dir che m’ami », en duo avec Norina, passe complètement à côté de la poésie attendue, tant pour la laideur du décor que pour le peu d’inspiration des chanteurs.

THIERRY GUYENNE

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