Opéras Un Don Pasquale trivial à Paris
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Un Don Pasquale trivial à Paris

26/09/2023
Laurent Naouri (Don Pasquale) et Marie-Pascale Grenier (Auxiliaire de vie). © Franck Ferville

Palais Garnier, 14 septembre

Michel Parouty n’avait guère apprécié la production de Damiano Michieletto, à sa création, au Palais Garnier, en juin 2018 (voir O. M. n° 141 p. 63 de juillet-août). Les médiocres décors et costumes de l’acte I, le design tape-à-l’œil du II, l’utilisation de la vidéo en direct, avec incrustation des personnages sur fond factice, les marionnettes censées animer les chœurs… Tout cela lui semblait tenir du gadget et masquer un total manque d’idées sur Don Pasquale.

Pour cette deuxième reprise – la première avait eu lieu, la saison suivante, en mars-avril 2019 –, c’est une distribution presque entièrement française, qui se partage l’affiche. Laurent Naouri, dans un rôle abordé à Tours, en 2021, n’a pas tout à fait la musicalité des grandes basses bouffes italiennes. S’il doit jouer sur une forme de déclamation chantée, qui lui permet de compenser quelques limites, il réussit remarquablement sa composition de barbon en perte de vitesse, crédule et faussement autoritaire.

En Norina, Julie Fuchs met un petit temps à se chauffer. Dans son premier air, l’instrument manque un peu d’étoffe et paraît presque trop léger, sans doute peu aidé par un dispositif scénique qui ne renvoie pas les voix, perdues sur le vaste plateau vide. Si la soprano retrouve tous ses moyens, dès son duo avec Malatesta, elle paraît assez inégale, au fil de la soirée.

Égal à lui-même­ – il incarnait déjà Malatesta, en 2018 –, Florian Sempey est, comme toujours, un rien trop démonstratif, conférant à son personnage une âpreté assez uniforme, qui va bien avec la conception du metteur en scène. Mais le baryton oublie que son air, où il vante les charmes de Norina, devrait les évoquer par la souplesse et le caractère caressant de son chant.

Plutôt décalé en Ernesto, avec sa casquette, son oreiller et son nounours sous le bras, le ténor américain René Barbera s’impose, toutefois, avec un timbre brillant et une technique impeccable, dans son rôle d’amoureux transi.

Dans l’insolente et désinvolte « Auxiliaire de vie » – figure muette ajoutée par Damiano Michieletto –, la comédienne Marie-Pascale Grenier réussit une belle composition, tandis qu’en deux brèves répliques, le baryton polonais Slawomir Szychowiak fait exister pleinement le Notaire.

Enfin, la direction sans subtilité de la cheffe italienne Speranza Scappucci ne contribue guère à tirer le spectacle d’une certaine trivialité, malgré les qualités incontestables de l’Orchestre de l’Opéra National de Paris.

ALFRED CARON

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