Théâtre Royal, 24 octobre
Dans cette nouvelle production de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège, signée Vincent Dujardin, le rideau s’ouvre sur un très beau décor de Leila Fteita, représentant une place sévillane, avec ses immeubles aux balcons ornés et sa fontaine, dans une atmosphère évoquant les années 1930 ou 1940.
S’il reste en place tout au long de l’œuvre, la façade de la maison de Bartolo s’ouvre, au début du deuxième tableau du I, pour en révéler l’intérieur. Puis, au II, c’est un immense rideau qui sépare cet intérieur de la rue, aménageant, à l’avant-scène, un salon bourgeois, et laissant voir, à l’arrière-plan, le balcon et l’échelle par lesquels Figaro et Almaviva pénètreront chez Rosina.
Particulièrement soignée sur le plan esthétique, la production développe aussi, pleinement, une forme de connivence avec le public : tout ceci n’est qu’un spectacle, et se montre comme tel. Cette lecture fonctionne très bien dans les ensembles – notamment les finales, où les détails de jeu se multiplient, ne laissant aucun choriste inoccupé.
En assumant les airs comme des numéros vocaux, où les interprètes sont livrés à eux-mêmes, Vincent Dujardin perd, en revanche, un peu l’énergie théâtrale qu’il avait, autrement, réussi à déployer avec une belle inventivité.
Le personnage de Figaro aurait, ainsi, mérité d’être davantage dirigé. Mais le baryton italien Vittorio Prato compense ce manque, grâce à une voix impeccablement projetée, une articulation du texte et des vocalises d’une grande précision, notamment dans son duo avec Rosina (« Dunque io son »).
Ruzil Gatin est un Almaviva d’abord un peu léger, mais dont l’instrument gagne rapidement en rondeur et révèle un très beau timbre, ainsi qu’un registre supérieur rayonnant. Le ténor russe offre, ainsi, un « Cessa di più resistere » bien maîtrisé.
Avec ses couleurs beaucoup plus sombres, Aya Wakizono présente un contraste intéressant avec son partenaire. La mezzo japonaise propose une Rosina aussi charmante que décidée, et fait preuve d’un aigu brillant et assuré, ainsi que d’une belle expressivité dans les récitatifs.
En Bartolo, Pablo Ruiz ne manque ni d’éclat, ni de vis comica, tandis que Mirco Palazzi fait entendre un solide Basilio, que la mise en scène aurait pu mettre davantage en valeur. Bien que la perruque blanche de Berta cache mal sa jeunesse, Eleonora Boaretto apporte des touches d’humour aux ensembles. Du Chœur de l’Opéra Royal de Wallonie-Liège, on retiendra particulièrement les qualités scéniques, notamment dans le finale du I, où les soldats sont comme retombés en enfance.
Dans la fosse, après une belle Ouverture, servie par de magnifiques cuivres, la direction de Giampaolo Bisanti perd, malheureusement, en relief. Mais elle se met tout entière au service des chanteurs, qu’elle accompagne au plus près, et dont elle laisse amplement se développer les voix.
CLAIRE-MARIE CAUSSIN