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The Merry Widow façon West End à Glyndebourne

04/07/2024
Danielle de Niese (Hanna Glawari) et German Olvera (Count Danilo Danilowitsch). © Glyndebourne Productions Ltd/Tristram Kenton

Opera House, 9 juin

Comme on dit en anglais, l’humour est une chose amusante. Cal McCrystal affirme, dans le programme de salle de Glyndebourne, à propos de sa nouvelle production de The Merry Widow (Die lustige Witwe, en langue originale) : « Faire des choses où il n’y a pas de rires ne m’intéresse pas. »

Ses précédentes incursions dans le répertoire lyrique m’ayant, tantôt laissé de marbre, tantôt déconcerté d’être si peu amusé, face à des ouvrages dont l’esprit me ravit depuis l’adolescence, mon cœur s’est serré, lorsqu’il a été annoncé que ce natif de Belfast allait monter le chef-d’œuvre de Franz Lehar.

Et ce, malgré la perspective d’entendre cette partition dirigée par John Wilson, l’un des chefs les plus polyvalents et les plus insatiables du Royaume-Uni, dont la défense et la popularisation des « musicals » de Broadway et du West End n’ont en rien diminué le respect pour les classiques, son talent naturel pour l’opéra s’étant révélé à Glyndebourne, notamment dans Cendrillon de Massenet, en 2019.

Il est clair que ce dernier a beaucoup réfléchi à l’édition de l’opérette utilisée par le Festival, insistant pour qu’elle soit donnée dans une nouvelle traduction anglaise de Stephen Plaice et Marcia Bellamy – même si le texte chanté n’est pas articulé avec une clarté exceptionnelle par la plupart des membres de la distribution, et si les dialogues parlés, modérément amusants, ont dû être amplifiés.

Également réputé pour son travail éditorial, John Wilson a apporté quelques modifications, en particulier au dernier acte. S’il n’est pas certain que  la décision de confier les solos de Valencienne, dans la « Chanson des grisettes », à la star du spectacle, Danielle de Niese – par ailleurs épouse de Gus Christie, le président de Glyndebourne –, soit la sienne, le chef britannique est sûrement responsable d’avoir attribué à Valencienne et Camille, comme une compensation, le duo écrit pour la création, en 1905, au Theater an der Wien, mais abandonné par le compositeur, au cours de la première série de représentations, et un air au rôle habituellement parlé de Njegus, destiné à la première production londonienne de 1907.

Ces deux ajouts ne font que souligner à quel point cet ouvrage est – et demeure – un choix étrange pour le répertoire de Glyndebourne : le long entracte d’une heure et demie, consacré au dîner, se trouve situé après le deuxième acte, ce qui signifie que, sans ces interpolations, le troisième et dernier aurait à peine duré plus de dix-huit minutes – un divertissement post-prandial d’une brièveté insatisfaisante.

La première « moitié », plus substantielle – et musicalement plus forte –, se joue, de manière assez pesante, dans les décors accrocheurs de Gary McCann, plutôt destinés à un public du West End qu’à celui de Glyndebourne – mais Cal McCrystal n’a-t-il pas dit, dans une interview, qu’il espérait que la production puisse être reprise dans le quartier des théâtres de Londres, peut-être avec la diva de Glyndebourne, qui s’y est déjà illustrée ?

L’approche chantante de John Wilson des airs de valse de Lehar, son oreille raffinée pour la sensualité de son orchestration ne déteignent sur la distribution que de façon intermittente. Dans le rôle d’Hanna Glawari, Danielle de Niese brille assurément de mille feux – l’une de ses robes évoque, ainsi, celle, noire et blanche, conçue par Cecil Beaton pour Audrey Hepburn, dans la séquence d’Ascot de My Fair Lady, le film de George Cukor (1964).

Malgré une blessure au pied, la soprano australo-américaine se pavane dans les numéros de danse, et sa présence illumine toujours le plateau. Mais sa partie vocale est rarement facile, et bien qu’aucun incident ne soit à déplorer dans la « Chanson de Vilja », elle révèle un souffle court dans le haut du registre, et une approche prudente des notes les plus aiguës.

Même si Danielle de Niese reste, bel et bien, la plus grande personnalité scénique de cette production, la soprano britannique Soraya Mafi, en Valencienne, semble plus à l’aise avec l’idiome. Le baryton mexicain German Olvera impressionne dans la tessiture élevée de Danilo, tandis que le ténor américain Michael McDermott donne l’impression d’avoir la gorge serrée, en Camille.

Mais c’est Thomas Allen, lui-même ancien Danilo, qui, en Baron Zeta, offre l’incarnation la plus élégante, débordant toujours, à 79 ans, du charisme nécessaire pour charmer une demi-douzaine de grisettes.

HUGH CANNING

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