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Sonya Yoncheva, Dido d’exception à Versailles

07/11/2024
Sonya Yoncheva (Dido). © Edouard Brane

Opéra Royal, 18 octobre

Château de Versailles Spectacles a eu la bonne idée de remonter la superbe production de Cécile Roussat et Julien Lubek, que l’Opéra Royal avait déjà accueillie dans la foulée de sa création, à l’Opéra de Rouen Normandie, en mai 2014 (voir O. M. n° 96 p. 66 de juin), puis en novembre 2016. Justement apprécié, à l’époque, par notre regretté confrère Jean-Luc Macia, le spectacle fait appel aux acrobates et danseurs, dans une scénographie baroque, où chaque instant enchante les yeux.

Formation à géométrie variable, l’Orchestre de l’Opéra Royal a, maintenant, atteint un très haut niveau, par la plénitude du son, le dynamisme et la variété des coloris. Stefan Plewniak le dirige du violon, avec une fougue manifestement communicative, qui n’exclut pas le contrôle.

Son choix d’un continuo riche donne au chant une assise solide. Et grâce à l’ajout de diverses danses, issues d’autres ouvrages de Purcell, Dido and Aeneas accuse sa filiation avec l’« opéra-ballet » à la française – à Versailles, c’est la moindre des choses ! Le Chœur de l’Opéra Royal, de grande qualité, impose, depuis la fosse, une présence sonore puissante et raffinée.

Sonya Yoncheva était attendue, avec beaucoup d’impatience, en Dido. C’est peu dire qu’elle n’a pas déçu. On a longtemps pensé que le chef-d’œuvre de Purcell avait été écrit pour un pensionnat de jeunes filles… Quand une interprète de ce calibre l’aborde, on comprend qu’une amatrice, même bien formée, ne saurait en tirer tout ce que contient la musique.

Certes, l’écriture n’a rien de très virtuose, mais l’intensité dramatique de chaque scène appelle une voix puissante, égale, au grave consistant, mais point trop sombre. La soprano bulgare possède tout cela, allié à la sobriété dans l’expression, la pureté de la ligne et la longueur du souffle, qui lui permettent de donner toute son émotion au poignant « When I am laid in earth ».

Quatre de ses partenaires sont issus de l’Académie de l’Opéra Royal. La soprano Sarah Charles possède un instrument au timbre délicatement épicé, pour Belinda. Les moyens d’Halidou Nombre dépassent ce que l’on entend, généralement, dans le rôle d’Aeneas. S’il se montre prudent dans sa première scène, le baryton déploie tout son potentiel dramatique, au moment de la rupture.

Le ténor Attila Varga-Toth compose, au début, une Enchanteresse assez neutre, mais se révèle au dernier acte, tandis que le contre-ténor Arnaud Gluck est, incontestablement, un talent à suivre.

Un DVD immortalisera cette soirée d’exception.

JACQUES BONNAURE

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