Opéras Schwanda joue de la cornemuse à Berlin
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Schwanda joue de la cornemuse à Berlin

08/04/2022

Komische Oper, 1er avril

Le Komische Oper avait programmé, en 2020, un focus sur Jaromir Weinberger (1896-1967). L’opérette Frühlingsstürme a pu être donnée juste avant la pandémie, mais Svanda Dudak, son opéra le plus célèbre, a dû attendre deux ans de plus pour retrouver la scène. Et si la salle de la Behrenstrasse a pu, ces dernières années, abandonner parfois le principe de la traduction allemande qui faisait sa spécificité, elle y est revenue cette fois, et de manière assez logique. Car si le chef-d’œuvre du compositeur a bien été créé en tchèque, à Prague, en 1927, sa renommée est due, avant tout, aux dix-sept traductions qui virent aussitôt le jour, dont l’allemande, signée Max Brod et utilisée ici : Schwanda, der Dudelsackpfeifer (Schwanda, le joueur de cornemuse).

Dans la fosse, le chef letton Ainars Rubikis montre, dès l’Ouverture, qu’il est l’homme de la situation, capable de maintenir constamment le jaillissement de la partition et donner à chaque moment sa couleur adéquate. C’est que, dans cet opéra riche en longs passages symphoniques et à l’orchestration luxuriante, le folklorisme façon Smetana se mâtine de réminiscences comiques, du merveilleux de Die Zauberflöte (le son de la flûte ensorcelle, comme le glockenspiel le fait de Monostatos et de ses hommes), et même de la fièvre de Parsifal (la scène entre le Magicien et la Reine ne peut avoir ignoré Klingsor et Kundry).

Daniel Schmutzhard est un Schwanda idéal, tout à la fois élégant, nonchalant, séducteur, ludique et attendrissant. La voix du baryton autrichien, très sûre, traverse toutes les vicissitudes du rôle avec un lyrisme éminemment naturel. La soprano australienne Kiandra Howarth est une brillante Dorotka, aux aigus lumineux et à la technique impeccable.

L’émission du ténor allemand Tilmann Unger se révèle un peu étranglée, mais cela ne l’empêche pas de conférer à son Babinsky le panache désuet du personnage, qui plus est avec une intonation sans faille. Dignes d’éloges, également, la Reine de la mezzo-soprano Ursula Hesse von den Steinen et le Magicien de la basse Jens Larsen.

Pour son retour dans la maison dont fut le directeur général, entre 2004 et 2012, Andreas Homoki signe une mise en scène assez simple qui privilégie, à juste titre, la lisibilité d’une histoire que le public ne connaît pas. Rien n’est forcé ni caricatural, la direction d’acteurs est efficace, et les chœurs sont gérés avec brio. La transposition dans les « Années folles » (époque de la création) fonctionne plutôt bien et, si certaines solutions peuvent sembler faciles (le rideau de music-hall abritant certains changements de décors, pendant que l’action se poursuit), le navire escalier stylisé, qui représente le palais de la Reine, est superbe.

NICOLAS BLANMONT


PHOTO © JARO SUFFNER

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