Grand Théâtre, 23 octobre
Après une reprise à Anvers, en septembre 2023 (voir O. M. n° 197 p. 55 de novembre), cette production de La clemenza di Tito revient au Grand Théâtre de Genève, où elle avait connu, en février 2021, une création à huis clos et en streaming.
Sur le spectacle, signé par le metteur en scène suisse Milo Rau, nous ne pouvons que souscrire à l’appréciation de Mehdi Mahdavi : un « salmigondis indigeste », dont musique et chant font largement les frais.
Déjà présents, en 2021, Bernard Richter et Serena Farnocchia reprennent les rôles de Tito et Vitellia – le ténor suisse, avec un aigu à découvert, et des vocalises un rien bousculées, et la soprano italienne, non sans dureté, et malgré une intonation parfois flottante.
La vraie satisfaction vient du frémissant Sesto de la mezzo russe Maria Kataeva, voix riche et homogène, aussi à l’aise dans le cantabile éperdu (« Deh, per questo istante solo ») que dans les coloratures (« Parto ; ma tu ben mio »).
Le plateau est complété, avec efficacité, par la mezzo italienne Giuseppina Bridelli, Annio sonore, mais sans excès de subtilité – à l’instar du Publio de la basse serbe Mark Kurmanbayev (alternant avec Justin Hopkins) –, et par la soprano ukrainienne Yuliia Zasimova, Servilia sûre, mais un rien aigre de timbre.
C’est, peut-être, pour parvenir à exister, dans un contexte théâtral qui tend à les oblitérer, que tous cherchent trop peu souplesse et nuances.
Dans la fosse, à la tête de l’Orchestre de la Suisse Romande, le chef tchèque Tomas Netopil sauvegarde au mieux la musique, pour un Mozart traditionnel, aux tempi assez lents.
THIERRY GUYENNE