Opéras Orfeo poursuit son chemin à Paris
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Orfeo poursuit son chemin à Paris

21/12/2023
Michèle Bréant (Euridice) et Lorrie Garcia (Orfeo). © Simon Gosselin

Athénée Théâtre Louis-Jouvet, 12 décembre

On revoit avec plaisir, lors de l’étape parisienne de la grande tournée initiée par l’Arcal – dont le coup d’envoi à été donné au Théâtre-Sénart –, le spectacle créé à l’Opéra Orchestre National Montpellier, en juin dernier (voir O.M. n° 195 p. 80 de septembre 2023).

La distribution, entièrement nouvelle, donne la possibilité à de jeunes artistes d’éprouver leurs capacités. Et l’on est frappé du degré d’engagement et du perfectionnisme de ces dix chanteurs, tous très intensément présents, sous la direction d’acteurs serrée de Benjamin Lazar.

Le beau timbre de Lorrie Garcia – sans faire oublier Arianna Vendittelli, à Montpellier – sied particulièrement à son Orfeo, qui gagne en puissance expressive, au fil de l’œuvre, jusqu’aux pathétiques scènes finales.

La touchante Euridice de Michèle Bréant lui donne une parfaite réplique, actrice non moins assurée et émouvante, impeccable dans la virtuosité (« Non so dir chi vincera ») pour repousser l’Aristeo d’Eléonore Gagey, également bien en situation (grandiose « Numi, ciel che portenti »). En Autonoe, Anara Khassenova révèle des moyens puissants, qui la font attendre, aussi, dans d’autres répertoires.

Sur le plan vocal, le Chirone de Matthieu Heim succède avantageusement à celui de Yannis François, même s’il n’en a pas tout à fait l’irrésistible impétuosité. On se réjouit, en revanche, de la vitalité de ses deux élèves, l’Achille très brillant de Fernando Escalona apportant à l’impeccable Ercole d’Abel Zamora, le supplément d’étonnantes qualités de mime.

Guillaume Ribler offre un Orillo malicieux à souhait, ainsi que d’une parfaite agilité. Quant au très solide Alexandre Baldo, il assure, en Esculapio, une rassurante stabilité. Nos seules légères réserves portent sur Clément Debieuvre, vocalement glorieux, pourtant, mais chargeant le rôle d’Erinda, la nourrice nymphomane, à l’excès.

Sonnant, parfois, un peu trop « vert » et fort dans la petite fosse, l’ensemble Artaserse n’en continue pas moins de remplir honorablement sa mission, sous la baguette de Philippe Jaroussky, son chef fondateur, et porteur du projet.

On n’attend plus qu’un enregistrement intégral, qui gardera le souvenir de cette recréation française mémorable.

FRANÇOIS LEHEL

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