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Les Misérables enflamment le Châtelet à Paris

04/12/2024
Louise Monteil (Cosette) et Benoît Rameau (Jean Valjean). © Thomas Amouroux

Théâtre du Châtelet, 26 novembre

Une salle archi-comble, un public enthousiaste… Avec Les Misérables, première grosse production de son mandat à la tête du Théâtre du Châtelet, Olivier Py a vu juste. Comment résister, en effet, à un succès mondial, fondé, de surcroît, sur l’un des chefs-d’œuvre de la littérature française ?

Devenu, après sa création, au Palais des Sports, en 1980, une légende du West End londonien, où il se joue, dans l’adaptation produite par Cameron Mackintosh, depuis bientôt quarante ans, le « musical » de Claude-Michel Schönberg et Alain Boublil n’a reparu que sporadiquement à Paris, dans cette seconde mouture : en français, au Théâtre Mogador, en 1991, puis en anglais, au Châtelet, en 2010, dans une production scénique simplifiée.

Quatorze ans plus tard, c’est une version largement remaniée par les auteurs, qui voit le jour : le librettiste dit avoir modifié un cinquième du texte, et le compositeur a non seulement conçu une nouvelle orchestration, mais aussi remodelé les lignes mélodiques, pour les rapprocher au maximum du langage parlé. Si l’on en juge par les réactions des spectateurs de tous âges, captivés, amusés, émus, le but est atteint.

Il est vrai que le spectacle a tout pour séduire. Les décors d’Emmanuelle Roy, inspirés par l’art de la gravure romantique et par les dessins de Victor Hugo, aux couleurs sombres et inquiétantes, comme l’utilisation appropriée de la vidéo, créent une atmosphère dont la violence contenue cerne, avec pertinence, les tourments des protagonistes et la dureté des événements extérieurs. Tout aussi inspirés sont les costumes de Jean-Daniel Vuillermoz, évoquant la pauvreté sans tomber dans le misérabilisme, avec, parfois, un éclair d’exubérance (la peinture grotesque des Thénardier).

Dans ce cadre idéal, Ladislas Chollat déploie une mise en scène d’une rare intelligence dans la caractérisation des personnages et d’une redoutable efficacité dans le rythme d’une action qui passe, au fil du temps, de la révolte à la désillusion – avec, quand même, une lueur d’espoir en l’avenir.

Un louable esprit de troupe règne sur une distribution sans la moindre fausse note, qui fait face à des rôles écrasants, qu’ils regardent vers la tragédie (Benoît Rameau/Jean Valjean, Sébastien Duchange/Javert) ou vers le burlesque (le couple Thénardier, formé par Christine Bonnard et David Alexis). Disposés sur une estrade, à l’arrière du plateau, les musiciens sont dirigés, avec fermeté, par Alexandra Cravero (en alternance avec Charlotte Gauthier).

Les décennies ont beau passer, ces Misérables n’ont pas pris une ride et, grâce à eux, le message de Victor Hugo a traversé les siècles. Quant au Châtelet, il perpétue sa tradition, en offrant à une large audience le modèle de ce que doit présenter un théâtre populaire.

MICHEL PAROUTY

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