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Le Rossignol et Les Mamelles de Tirésias réunis à Nice

06/06/2024
Les Mamelles de Tirésias. © Dominique Jaussein

Opéra, 1er juin

Lors de la création de ce spectacle, au Théâtre des Champs-Élysées, en mars 2023 (voir O. M. n° 192 p. 59 de mai), François Lehel évoquait un « improbable couplage », à propos de la présentation, dans une même soirée, du Rossignol de Stravinsky et des Mamelles de Tirésias de Poulenc. Et il est vrai que les deux ouvrages ont peu de choses en commun.

Mais notre confrère soulignait, aussi, qu’Olivier Py et Pierre-André Weitz avaient élaboré un « concept fort », qui justifiait la réunion de ces deux courts opéras. Il l’est, effectivement, et défendu avec beaucoup de brio et d’imagination – surtout dans Les Mamelles de Tirésias –, mais reste un concept, avec ce qu’il a de gratuit et d’arbitraire.

À l’Opéra Nice Côte d’Azur, théâtre coproducteur, où le spectacle est remonté par Josephine Kirch, le public ne boude pas son plaisir. Et si la distribution est moins prestigieuse que celle du TCE, qui réunissait, entre autres, Sabine Devieilhe, Lucile Richardot, Cyrille Dubois et Jean-Sébastien Bou, elle ne démérite en rien.

Avec son timbre cristallin et ses aigus sans faille, Rocio Pérez fait merveille, surtout en Rossignol, où elle apporte beaucoup de grâce et de poésie à cet oiseau porteur de vie. Les quelques problèmes de prononciation, que rencontre la soprano espagnole chez Poulenc, la montrent moins à l’aise dans le rôle de Thérèse/Tirésias, qui demande un style très particulier. Mais l’abattage dont elle fait preuve lui permet d’en surmonter les difficultés.

À ses côtés, Federico Longhi est aussi émouvant en Empereur mourant, que drôle et truculent en Mari, la scène avec le Gendarme valant son pesant de cacahuètes ! Il est vrai que celui-ci est interprété, de manière irrésistible, par Frédéric Cornille. Le frêle Pêcheur de Sahy Ratia est bien touchant, le Directeur de Matthieu Lécroart ne manque pas de brio, et l’ensemble du plateau fait preuve d’un rythme qui dynamise la représentation.

Au pupitre, Lucie Leguay convainc autant dans le lyrisme orientaliste de Stravinsky que dans l’humour potache de Poulenc. Mais l’Orchestre Philharmonique de Nice manque un peu de raffinement – surtout du côté des vents –, pour rendre pleinement hommage à l’orchestration, à la fois délicate et subtile, du premier.

PATRICK SCEMAMA

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