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La seconde jeunesse de La Bohème à Saint-Étienne

03/07/2024
Matteo Desole (Rodolfo) et Gabrielle Philiponet (Mimi). © Cyrille Cauvet

Grand Théâtre Massenet, 18 juin

Un an tout juste après sa création, au Théâtre des Champs-Élysées, en juin 2023 (voir O. M. n° 195 p. 86 de septembre), La Bohème, dans la mise en scène d’Éric Ruf, revient à l’Opéra de Saint-Étienne – l’un de ses coproducteurs, avec l’Opéra National de Bordeaux et Angers Nantes Opéra. Remontée par Laurent Delvert, elle s’offre une seconde jeunesse, avec une distribution entièrement renouvelée, à une exception près.

Du côté féminin, la présence de deux sopranos françaises, Gabrielle Philiponet et Perrine Madoeuf, aiguisait singulièrement notre attente. Hélas pour elle, et pour cette représentation, la première, annoncée souffrante, se révèle, effectivement, très handicapée par une laryngite. Elle affronte, néanmoins, avec courage, le rôle de Mimi, et réussit le pari de faire de cette fragilité un atout. Donnant le meilleur d’elle-même, dans une scène de mort bouleversante, Gabrielle Philiponet sort grandie de cette épreuve, sa performance lui valant un véritable triomphe, qu’elle reçoit en larmes.

Perrine Madoeuf possède, incontestablement, les moyens de Musetta, aigu dardé et brillant, abattage sans faille. Il lui manque, cependant, cette touche de sensualité, sans laquelle la « Valse » perd de sa séduction, et sa caractérisation du personnage, au II, n’est pas loin de faire basculer la grisette en future mégère.

Du côté masculin, c’est l’italianité qui s’impose, avec le Rodolfo de Matteo Desole, jolie voix de ténor lyrique léger, au registre supérieur facile et lumineux, au médium un peu faible, mais qui incarne, avec naturel, l’élan et la jeunesse du poète. Le baryton d’Andrea Vincenzo Bonsignore est exactement calibré aux exigences de Marcello, qu’il campe avec une totale évidence.

Seul transfuge de la production originale, Guilhem Worms est un noble Colline. Le Schaunard sans reproche de Matteo Loi, une excellente galerie de petits rôles, où l’on distingue Matteo Peirone, d’abord en Benoît, puis en Alcindoro, des chœurs d’adultes (Chœur Lyrique Saint-Étienne Loire) et d’enfants (Maîtrise de la Loire) remarquablement préparés, complètent ce plateau, dont l’homogénéité est la qualité principale.

Dans la fosse, Giuseppe Grazioli lui offre un soutien parfait, dirigeant, avec souplesse et précision,  un Orchestre Symphonique Saint-Étienne Loire aux couleurs raffinées.

ALFRED CARON

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