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La forza del destino, « opéra de chef » à Toulon

07/11/2024
Eléonore Pancrazi (Preziosilla). © Frédéric Stéphan

La forza del destino est un « opéra de chef », écrivions-nous à propos de ce spectacle, lors de sa présentation, à Montpellier, le 27 septembre dernier (voir O. M. n° 207 p. 58 de novembre 2024). Raison pour laquelle nous sommes allé le revoir à l’Opéra de Toulon, son autre coproducteur avec le Teatro Regio de Parme, malgré une distribution quasiment identique.

Au nouveau directeur musical de l’Opéra Orchestre National Montpellier, succède, en effet, celui de l’Opéra de Toulon. Roderick Cox nous avait impressionné ; Victorien Vanoosten ne lui cède rien sur le double plan de la capacité à faire avancer la musique, sans rupture ni temps mort, et du soutien sans faille apporté aux chanteurs.

L’orchestre maison, de surcroît, maintient le niveau de qualité atteint sous le mandat de Giuliano Carella (2006-2016). On goûte la beauté des sonorités, l’homogénéité des attaques et la qualité des soli instrumentaux, à commencer par l’envoûtante clarinette de Franck Russo, dans l’introduction de l’air de Don Alvaro (« O tu che in seno agli angeli »).

Avouons, également, que la sonorisation, obligatoire dans l’immense espace du Zénith – l’Opéra de Toulon est fermé pour travaux, jusqu’à fin 2027 –, altère beaucoup moins la perception de l’orchestre que celle des voix. Passe encore pour les chœurs (Montpellier et Toulon réunis), aussi brillants que trois semaines plus tôt. Mais les solistes ne laissent plus du tout la même impression.

Celle qui gagne le plus est, incontestablement, Eléonore Pancrazi, de projection insuffisante pour l’Opéra Berlioz, que les micros transforment en résurrection de la jeune Fiorenza Cossotto. Sa Preziosilla est, cette fois, aussi étourdissante sur le plan vocal que scénique.

Yunuet Laguna acquiert, également, dans le bas médium et le grave, l’impact qui lui faisait défaut. Sauf que, malgré les miracles de l’amplification, on entend bien qu’elle n’est pas le grand « lirico spinto » verdien de Leonora.

Côté messieurs, le résultat est beaucoup plus conforme à ce que nous avions entendu à l’Opéra Berlioz, à l’exception de Jacques-Greg Belobo, Marquis plus audible, cette fois, mais toujours trémulant.

Seul nouveau venu dans l’équipe, et arrivé à la dernière minute, pour pallier le forfait de Konstantine Kipiani, souffrant, Samuele Simoncini fait aussi bonne figure que dans Il piccolo Marat de Mascagni, deux semaines plus tôt, à Nantes (voir O. M. n° 207 p. 60 de novembre 2024). Connaissant le rôle de Don Alvaro sur le bout du doigt, il dispose, faute des qualités de timbre d’Amadi Lagha, à Montpellier, d’un aigu claironnant et d’une endurance à toute épreuve.

RICHARD MARTET

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