Opéras Jolie Mireille à Metz
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Jolie Mireille à Metz

10/06/2022

Opéra-Théâtre, 5 juin

Cette nouvelle production de Mireille est un vrai plaisir, et on espère qu’elle sera reprise, ici ou ailleurs. La satisfaction vient d’abord de la mise en scène de Paul-Émile Fourny, dans une optique qui est, très souvent, la marque de fabrique du directeur de l’Opéra-Théâtre de l’Eurométropole de Metz : clarté, dépouillement et élégance.

Les décors de Benito Leonori représentent parfaitement les lieux : endroit où les femmes se réunissent pour filer, fleuve furieux formé par une bâche, agitée par des danseurs… L’unité y est apportée par une robe rouge omniprésente, parfois enviée, parfois fardeau, ou encore simple agencement. Les costumes de Giovanna Fiorentini, d’une sobriété de bon aloi, sont d’inspiration provençale, mais sans surcharge. Les déplacements des protagonistes sont aussi lisibles que plausibles. Rien de révolutionnaire donc, juste de l’intelligence et de la justesse de ton, c’est déjà beaucoup.

Gabrielle Philiponet incarne une fort jolie Mireille, qui garde tout son charme, aussi bien dans les passages légers que dans le crucifiant tableau de la Crau, qui semble ne lui poser aucun problème, que ce soit en termes de puissance ou de fougue. Vikena Kamenica est une épatante Taven. On n’a pas toujours le sentiment que la mezzo albanaise adhère au style de l’opéra français, mais quels moyens, et quel timbre ! En Vincenette, la jeune soprano espagnole Ana Fernandez Guerra a, en revanche, encore beaucoup de travail à accomplir.

Côté masculin, la sensation vient du formidable Vincent de Julien Dran. Tout y est : la douceur et la virilité, la palette raffinée de couleurs, les aigus assurés. Une vraie réussite, surtout quand on se souvient que l’un de ses premiers rôles a été celui d’Andreloun, l’« heureux petit berger » que chante Mireille, il n’y a pas si longtemps. Quel parcours !

Pierre-Yves Pruvot personnifie un Maître Ramon autoritaire à souhait, mais l’Ourrias de Régis Mengus reste assez neutre. Plus à l’aise dans les forte que dans les demi-teintes, il semble aussi que ses aigus devraient être plus couverts. Bertrand Duby, enfin, offre un Ambroise tout à fait convaincant.

Alors que le Chœur de l’Opéra-Théâtre est assez disparate, l’Orchestre National de Metz, sous la baguette de David Reiland, sonne particulièrement glorieux, alternant avec bonheur les instants de passion et la fraîcheur des moments inspirés de la culture provençale.

CATHERINE SCHOLLER


© OPÉRA-THÉÂTRE EUROMÉTROPOLE DE METZ/LUC BERTAU

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