Opéras Jenufa renouvelée à Chicago
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Jenufa renouvelée à Chicago

07/12/2023
Lise Davidsen (Jenufa) et Nina Stemme (Kostelnicka). © Michael Brosilow

Lyric Opera, 14 novembre

La première américaine de la production acclamée de Jenufa, signée Claus Guth, et reprise ici par Axel Weidauer, a eu lieu au Lyric Opera de Chicago, avec une distribution – entièrement renouvelée – égalant l’excellence de celle de sa création, au Covent Garden de Londres, en septembre-octobre 2021 (voir O. M. n° 178 p. 53 de décembre-janvier 2021-2022).

À l’occasion de ses débuts dans la maison, la soprano norvégienne Lise Davidsen, connue pour ses puissantes interprétations wagnériennes et straussiennes, est une captivante Jenufa. Son incarnation met en valeur non seulement les prouesses d’une voix brillante, capable aussi bien de pianissimi flottants, à l’intonation sans faille, que d’un chant à plein volume, émis sans effort, mais aussi sa compréhension profonde du parcours de la jeune femme, dont elle équilibre la résilience avec une vulnérabilité poignante.

Nina Stemme, après avoir abordé le rôle-titre, en 2005, s’est tournée vers Kostelnicka, dix-sept ans plus tard, au Theater an der Wien. Évitant une corporalité explicite, elle en transmet plutôt les émotions tumultueuses, à travers une vocalité nuancée. La scénographie ouverte de Michael Levine va parfois à l’encontre de cette approche, sans empêcher la soprano suédoise de toujours traduire, avec passion, l’agitation intérieure de son personnage.

Le ténor claironnant de Pavel Cernoch confère une belle intensité à Laca, dont il fait une figure sympathique, afin que le public puisse comprendre et, comme Jenufa, pardonner le geste tragique commis plus tôt. De même, Richard Trey Smagur est un Steva complexe, s’appuyant sur l’équilibre entre un ténor solide et un jeu intelligent, pour dépeindre un caractère manquant de courage, mais essentiel au récit. Quant à la mezzo Marianne Cornetti, sa Grand-mère Buryjovka ajoute une profondeur luxueuse, en tant que point d’ancrage de la famille.

Sous la baguette de Jakub Hrusa, l’orchestre du Lyric Opera navigue à travers la partition de Janacek avec une précision, une empathie, reflétant ses affinités pour cette musique et sa profonde compréhension des rythmes originaux de la langue tchèque. Méticuleusement préparé par Michael Black, le chœur maison apporte une impeccable contribution à cette production aux multiples facettes, et parmi les plus réussies présentées à Chicago.

WILLIAM SHACKELFORD

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