Opéra Bastille, 2 novembre
Pas de surprise, à la première de cette sixième reprise de Die Zauberflöte, dans la mise en scène de Robert Carsen, l’une des productions phares de l’Opéra National de Paris, depuis mars 2014 (voir, en dernier lieu, O. M. n° 187 p. 50 de novembre 2022), de la part des titulaires confirmés, au premier rang desquels le Tamino, héroïque et magnifiquement engagé, de Pavol Breslik (déjà présent, en 2014 et 2017). Non plus que de celle d’autres familiers du plateau de Bastille, comme Nicolas Cavallier, solide Orateur, ou Jean Teitgen, phrasant superbement son Sarastro – dont il n’a, pourtant, pas tout à fait les basses profondes.
Mathias Vidal reprend, toujours avec le même bonheur, le Monostatos bondissant, à la verve inépuisable, qu’il assurait, déjà, en 2019. Bon choix nouveau, avec le Papageno de Mikhail Timoshenko, en belle voix. Et l’on s’enchante de la Papagena, espiègle et pleine de charme, d’Ilanah Lobel-Torres, issue de la Troupe Lyrique.
Mais il y a, surtout, deux débuts à l’Opéra National de Paris, que nous n’attendions pas marquants à ce point. Aleksandra Olczyk donne une Reine de la Nuit serpentine ou féline, au I, et d’une souveraine présence, dans les longues interventions du II. La vocalisation est parfaite, avec des suraigus faciles et puissants, sans dureté.
Quant à Nikola Hillebrand, elle incarne une Pamina de conte de fées, d’un charme extrême, tant par son irrésistible sourire que par l’homogénéité de son soprano, à la fois doux et ferme, sans mièvrerie.
Enfin, nous avons été subjugué par Oksana Lyniv, qui appartient à la catégorie de ces chefs dont la gestique est, à elle seule, un plaisir pour l’œil. L’Orchestre de l’Opéra National de Paris, toujours superlatif, se joint à la salle pour l’applaudir et saluer une performance de grande classe, qui assure à cette reprise un niveau général supérieur, encore, à celles qui ont précédé.
FRANÇOIS LEHEL