Opéras Carmen revue et corrigée au Perreux-sur-Marne
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Carmen revue et corrigée au Perreux-sur-Marne

10/01/2024
Un piano dans la montagne. © Stéphane Bellocq

Centre des Bords de Marne, 21 décembre

Pour fêter dignement les 20 ans de la compagnie qu’elle a créée, en 2004, qu’elle dirige et qui porte son nom, Sandrine Anglade propose une version revue et corrigée de Carmen, intitulée Un piano dans la montagne.

Version revue : à la place de l’orchestre, quatre pianistes et une violoncelliste occupent la scène. Ils sont, aussi, les interprètes de Frasquita – qui joue des deux instruments –, de Mercédès, de Moralès et de Lillas Pastia. Leurs pianos ne sont pas fixes, mais se promènent, au gré des tableaux, dans un espace vide et noir, juste agrémenté d’un rideau de lamelles claires, et où les seuls éclairages suggèrent les changements de lieux.

Version corrigée, car le livret et les dialogues de Meilhac et Halévy ont été réécrits, avec des bonheurs divers. Car on remarque, surtout, la vulgarité des « Te fous pas de moi ! » et autres anachronismes.

En outre, Sandrine Anglade a choisi d’introduire une sorte de narrateur, qui apostrophe le public. Il met les points sur les i, en insistant sur le fait que les personnages, en général, et Carmen, en particulier, sont d’une autre époque. Comme si le public n’était pas assez futé pour comprendre ce qui est, pourtant, explicite !

Et puis, certaines idées ne fonctionnent pas : pourquoi avoir transformé Lillas Pastia en affreux travesti ? De même, les deux pianistes masculins arborent, vers la fin de la représentation, des jupes à fleurs…

La mise en scène n’en est pas moins efficace, qui exploite les dons de comédiens d’une distribution pleine de jeunesse et de fougue, placée sous la direction musicale de Nikola Takov. Manon Jürgens campe une Carmen sensuelle, à la belle voix sombre dans la « Séguedille ». Elle forme un duo séduisant avec le Don José de Pierre-Emmanuel Roubet, empreint de sensibilité blessée dans « La fleur que tu m’avais jetée ».

Parveen Savart incarne une Micaëla d’une parfaite justesse. Plus en retrait, l’Escamillo d’Antoine Philippot ne paraît pas toujours crédible. Quant au chœur d’enfants, il ne fait pas de couac et sait se tenir en scène.

Au final, les spectateurs, parmi lesquels de nombreux adolescents, font un triomphe à ce spectacle. La Compagnie Sandrine Anglade le coproduit, notamment, avec l’Opéra de Limoges, la Scène Nationale du Sud-Aquitain de Bayonne (où il a été créé, le 21 novembre dernier), la Scène Nationale de Tarbes, le Théâtre Olympia d’Arcachon, le Centre d’Art et de Culture de Meudon, et la Scène Nationale de Château-Gontier – la tournée se poursuivra, cette saison, jusqu’au 15 mars, à Bourg-en-Bresse.

BRUNO VILLIEN

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