Michael Spyres (Mitridate) – Patricia Petibon (Aspasia) – Myrto Papatanasiu (Sifare) – Christophe Dumaux (Farnace) – Sabine Devieilhe (Ismene) – Cyrille Dubois (Marzio) – Jaël Azzaretti (Arbate)

Le Concert d’Astrée, dir. Emmanuelle Haïm. Mise en scène : Clément Hervieu-Léger. Réalisation : Olivier Simonnet (16:9 ; stéréo : PCM 2.0 ; Dolby Digital 5.1)

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« L’une des productions d’opéra les plus accomplies du mandat de Michel Franck à la tête du Théâtre des Champs-Élysées », écrivions-nous en conclusion de notre compte rendu de ce spectacle, créé en février 2016 (voir O. M. n° 116 p. 60 d’avril). Filmé le 20 février, quatre jours après la représentation à laquelle nous avions assisté, le DVD qui en est issu prend résolument la tête de la vidéographie de Mitridate.

Vocalement, d’abord, la distribution est la plus homogène jamais réunie. Les précédentes versions disposaient d’interprètes d’exception : Yvonne Kenny et Rockwell Blake, à Lyon (EuroArts) ; la même Yvonne Kenny et Ann Murray dans le film de Jean-Pierre Ponnelle (Deutsche Grammophon) ; Luba Orgonasova et Richard Croft, à Londres (Opus Arte) ; Bejun Mehta et Richard Croft, à Salzbourg (Decca). Mais leurs partenaires étaient inégaux, voire catastrophiques parfois.

Cette fois, les sept chanteurs évoluent sur les mêmes cimes, sans accuser la moindre faiblesse. Ils sont même encore plus extraordinaires à l’écran, les gros plans d’Olivier Simonnet permettant, bien mieux que dans la salle, d’apprécier la manière dont ils mettent leurs sidérantes performances vocales au service d’incarnations d’une sincérité et d’une humanité bouleversantes.

Michael Spyres est, sans doute, celui qui bénéficie le plus du passage au DVD, la puissance dévastatrice de son portrait de Mitridate clouant le téléspectateur dans son fauteuil. Déjà émouvantes dans la salle, Patricia Petibon, Sabine Devieilhe et Myrto Papatanasiu le sont encore davantage ici – la première, en particulier, qui délivre un « Pallid’ombre » littéralement hallucinant.

Christophe Dumaux réussit l’exploit de faire encore mieux que Bejun Mehta en Farnace, culminant dans un déchirant « Già dagli occhi ». Cyrille Dubois surclasse tous ses prédécesseurs en Marzio et Jaël Azzaretti fait bien plus que de la figuration en Arbate.

Sans faire oublier Marc Minkowski à Salzbourg, ni, surtout, un Christophe Rousset proche de l’idéal à Bruxelles, en mai 2016, Emmanuelle Haïm fournit un accompagnement orchestral satisfaisant, quoique trop avare de tendresse à certains moments.

Le Concert d’Astrée, plus juste d’intonation le 20 février que le 16, répond aux moindres sollicitations de sa fondatrice, sans toujours nous convaincre que sa couleur convient aussi bien à Mozart qu’à Haendel ou Rameau.

Reste la mise en scène de Clément Hervieu-Léger, ni transcendante ni dérangeante, comme nous l’avions écrit l’an dernier, mais à laquelle la captation apporte un net supplément de vie et de relief. On s’intéresse davantage aux rapports entre les personnages, en prêtant moins d’attention à un décor unique (scénographie d’Éric Ruf) certes remarquablement conçu, mais dont la contemplation, depuis la salle, avait quelque chose de lassant au bout de trois heures de spectacle.

RICHARD MARTET

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