Kresimir Spicer (Lucio Silla) – Lenneke Ruiten (Giunia) – Marianne Crebassa (Cecilio) – Inga Kalna (Lucio Cinna) – Giulia Semenzato (Celia)

Orchestra e Coro del Teatro alla Scala, dir. Marc Minkowski. Mise en scène : Marshall Pynkoski. Réalisation : Arnalda Canali (16:9 ; stéréo : PCM ; DTS 5.1)

2 DVD Cmajor 743308

Nous avions été enchantés par la production, créée à Salzbourg, en 2013 (voir O. M. n° 88 p. 58 d’octobre). La reprise milanaise de 2015, avec une distribution en grande partie différente, la place sur une scène beaucoup plus grande, qui lui fait perdre légèrement en impact. Un filmage intelligent et mobile, avec caméras sur le plateau, et alternance bien dosée des vues d’ensemble et des gros plans, compense largement.

On apprécie ainsi pleinement un travail scénique de premier ordre : splendeur des costumes et décors antiquisants d’Antoine Fontaine ; parti « chorégraphique » de l’ensemble, à la fois dans les gracieux ballets de Jeannette Lajeunesse Zingg, connotant la période baroque, et dans la direction d’acteurs élaborée de Marshall Pynkoski, qui réussit à allier réalisme psychologique et élégance de la gestuelle.

Du plateau salzbourgeois, reste d’abord le subjuguant Cecilio de Marianne Crebassa : grande beauté en scène, crédibilité parfaite du travesti, jeu intense et intériorisé, somptuosité de ce mezzo au médium de velours et au legato parfait. Moins flatteuse d’apparence, Inga Kalna continue de lui faire bon accompagnement pour le plus modeste Cinna.

Les nouveaux venus n’enthousiasment pas moins : Giunia aussi énergique qu’émouvante de Lenneke Ruiten, d’une technique impressionnante (on revisionnera plusieurs fois sa grandiose scène du III, qui est aussi un modèle de montage cinématographique) ; superbe Silla de Kresimir Spicer, avec une palette merveilleuse de demi-teintes faisant valoir la qualité du timbre et justifiant l’adjonction au III, très discutable en soi, du long récitatif et air de Johann Christian Bach, « Amor, gloria, vendetta… Se al generoso ardire », chanté divinement ; Celia plutôt légère, mais à la vocalise impeccable, de Giulia Semenzato.

Si les danseurs de la Scala ne sont pas parfaits, le chœur et l’orchestre maison se plient irréprochablement au parti « baroque » d’un éblouissant Marc Minkowski.

La production de Jürgen Flimm, telle que donnée à Salzbourg, en 2006, garde ses mérites (voir O. M. n° 15 p.78 de février 2007), mais ce DVD la surclasse.

FRANÇOIS LEHEL

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