Christopher Purves (Saul, Samuel) – Lucy Crowe (Merab) – Sophie Bevan (Michal) – Paul Appleby (Jonathan) – Iestyn Davies (David) – Benjamin Hulett (High Priest, Abner, Amalekite, Doeg) – John Graham-Hall (Witch of Endor)

The Glyndebourne Chorus, Orchestra of the Age of Enlightenment, dir. Ivor Bolton. Mise en scène : Barrie Kosky. Réalisation : François Roussillon (16:9 ; stéréo : LPCM ; Dolby Digital & DTS Digital Surround)

1 DVD Opus Arte OA 1216 D & 1 Blu-ray OA BD7205 D

 

Glyndebourne réussit à l’oratorio haendélien – et vice versa. Deux décennies après la Theodora insurpassable signée Peter Sellars, Barrie Kosky y présentait, en août 2015, un Saul haletant, que le DVD élève au rang de référence.

Personnalité parmi les plus inventives et imprévisibles de la scène lyrique actuelle (minimaliste extravagant, ainsi qu’il se définit lui-même), l’Australien allie, dans un souffle dense et puissant, des images d’une beauté à couper le souffle – ces immenses tables recouvertes de bouquets de fleurs et de victuailles, dignes de la peinture baroque -flamande, ce champ de cierges au milieu duquel apparaît soudain un orgue, déclenchant les applaudissements extasiés du public – et un théâtre des passions exacerbées.

D’autant que Kosky partage avec Sellars cette capacité à faire parler les corps, qui confère aux figures bibliques une démesure tragique, mieux, shakespearienne, en soulignant l’influence évidente de Macbeth, et plus encore de King Lear, sur Haendel et son librettiste Charles Jennens.

Le noir intense de cette vision se propage dans la fosse, où Ivor Bolton, dont la baguette enthousiaste et historiquement informée est souvent neutralisée par un certain manque d’imagination, se montre particulièrement inspiré. L’Orchestra of the Age of Enlightenment atteint, il est vrai, une plénitude assez inouïe, tandis que la discipline du Glyndebourne Chorus, caractéristique de la meilleure tradition -britannique, se double d’un élan dramatique hors du commun.

Les solistes sont du même niveau, avec au sommet le David, à la fois aérien et incarné, du contre-ténor Iestyn Davies. Paul Appleby lui répond avec un Jonathan idéal de compassion distinguée. Voix étonnamment jumelles – mais pas interchangeables –, Sophie Bevan et Lucy Crowe différencient la douce Michal de l’altière Merab, grâce à la justesse de l’expression et d’un phrasé idiomatique.

Quant à Christopher Purves, qu’importe qu’il achoppe sur quelques vocalises ! Saul est assurément, par les reliefs accidentés du timbre et l’éloquence hallucinée du verbe, le rôle de sa vie.

MEHDI MAHDAVI

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