Pavel Cernoch (Amleto) – Claudio Sgura (Claudio) – Eduard Tsanga (Polonio) – Sebastien Soulès (Orazio) – Bartosz Urbanowicz (Marcello) – Paul Schweinester (Laerte) – Iulia Maria Dan (Ofelia) – Dshamilja Kaiser (Geltrude) – Gianluca Buratto (Lo Spettro)
Prague Philharmonic Choir, Wiener Symphoniker, dir. Paolo Carignani. Mise en scène : Olivier Tambosi. Réalisation : Felix Breisach (16:9 ; stéréo : PCM ; DTS 5.0)
2 DVD Cmajor 740608
Créé à Gênes, en 1865, l’Amleto de Franco Faccio, sur un livret adapté de Shakespeare par rien moins qu’Arrigo Boito, n’a pu être ressuscité, à l’époque moderne, qu’après la minutieuse restitution d’un manuscrit devenu parfois presque illisible avec le temps. Grâce au travail de fourmi accompli par le compositeur et chef d’orchestre américain Anthony Barrese, a ainsi été récupéré cet intéressant spécimen de « tragédie lyrique » romantique.
Le présent DVD a été filmé en juillet 2016, au Festspielhaus de Bregenz, sous la direction experte de Paolo Carignani et dans une mise en scène assez littérale, mais d’une belle tension théâtrale, d’Olivier Tambosi (voir O. M. n° 121 p. 40 d’octobre). Il est simplement dommage que cette production, colorée et vivante, n’ait pas bénéficié de cadrages plus variés et d’un montage plus dynamique.
Les éclairages passent également assez mal, trop sombres ou avec de vilaines surexpositions dans les scènes d’apparition du Spectre. Quant à la prise de son, elle souligne exagérément l’instabilité de certaines voix, en particulier le vibrato désagréable du baryton Claudio Sgura ou encore la tendance à forcer du ténor Pavel Cernoch, dans un rôle-titre, il est vrai, très difficile à soutenir, de par son caractère violent et emporté.
Si ce DVD reste pourtant hautement recommandable, c’est parce qu’il nous permet d’écouter une partition remarquable, hybridation plutôt réussie de multiples tendances. Beaucoup de Verdi, évidemment, mais aussi un croisement de sources nettement plus variées, pour un véritable « grand opéra » qui n’amoindrit en rien la puissance du modèle dramatique shakespearien. Si l’inspiration mélodique est parfois un peu courte, l’art de ponctuer l’action par des élans d’une violence très concentrée est remarquable.
Après cet ouvrage de jeunesse, Franco Faccio n’écrira plus grand-chose, préférant se consacrer à sa carrière de chef d’orchestre. Grâce au travail courageux d’Anthony Barrese, il nous reste au moins cet Amleto pour le regretter.
LAURENT BARTHEL