Plus gros succès mondial de l’histoire de la « comédie musicale », Les Misérables n’ont cessé de changer de visage depuis leur création, en français, le 17 septembre 1980, au Palais des Sports de Paris, dans une mise en scène du regretté Robert Hossein, également producteur – un triomphe, quatre mois durant !
Pour nous en tenir aux versions en langue originale, l’édition qui sera jouée au Châtelet, du 20 novembre au 2 janvier prochain, sera différente de celle de 1980, mais aussi de celle donnée au Théâtre Mogador, à partir du 12 octobre 1991.
Claude-Michel Schönberg (né en 1944), le compositeur, et, surtout, Alain Boublil, le librettiste, ont régulièrement transformé le découpage des morceaux et les paroles, entre autres pour s’adapter aux modifications apportées à l’ouvrage par son adaptation anglaise, signée Herbert Kretzmer et produite par Cameron Mackintosh.
Celle-ci, créée au Barbican Theatre de Londres, le 8 octobre 1985, a été représentée au Châtelet, du 26 mai au 4 juillet 2010. Mais il ne s’agissait déjà plus de la même version que vingt-cinq ans auparavant : nouvelle mise en scène, orchestration allégée…
Pour la série de représentations à venir, Alain Boublil a donc, à nouveau, remanié le texte – presque un tiers par rapport à l’original. Mais que les fans se rassurent, tous les « tubes » seront au rendez-vous : l’entraînant « À la volonté du peuple » (« Do You Hear The People Sing ? »), les bouleversants « J’avais rêvé d’une autre vie » (« I Dreamed A Dream »), « Mon histoire » (« On My Own »), « Seul devant ces tables vides » (« Empty Chairs at Empty Tables »)…
Le 29 avril dernier, le Châtelet a choisi d’organiser un « showcase », pour offrir un avant-goût de ces nouveaux Misérables, coproduits avec SPJL Production. Olivier Py, le directeur du théâtre, n’a pas manqué de souligner la dimension « plaidoyer pour la justice sociale » de l’ouvrage, plus que jamais au cœur de l’actualité politique, en cet automne 2024.
Ladislas Chollat a présenté sa mise en scène, dans les décors d’Emmanuelle Roy, inspirés d’une gravure de Gustave Doré, illustrant l’Enfer de Dante et publiée la même année que Les Misérables (1862), et les costumes d’époque de Jean-Daniel Vuillermoz.
Le « showcase » a, également, été l’occasion d’entendre les interprètes, fort prometteurs, qui se produiront sous la direction, en alternance, d’Alexandra Cravero et Charlotte Gauthier. Dans cette « comédie musicale » entièrement chantée et très opératique, leur contribution est essentielle.
RICHARD MARTET