On en parle Les amours de Dido et Aeneas à Versailles
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Les amours de Dido et Aeneas à Versailles

13/03/2023
Lea Desandre et Renato Dolcini. © Pablo Lorente

« On ne peut pas se séparer d’une œuvre comme Dido and Aeneas. (…) C’est un chef-d’œuvre qui demande à être aimé et qui se prête, tout au long d’une carrière, à être redonné, re-réfléchi, re-digéré. » Et combien de fois William Christie a-t-il remis la partition de Purcell sur son pupitre – seule, ou couplée avec Actéon de Charpentier ?

Du premier enregistrement, gravé en 1985 (Harmonia Mundi), à la production, somme toute définitive – et immortalisée en DVD (Naxos) –, signée Deborah Warner, à Vienne (Wiener Festwochen), puis à l’Opéra-Comique, suivie par quelques autres versions de concert ou mises en espace, toutes les générations de chanteurs ayant pris part à l’aventure des Arts Florissants, et ceux encore que le Jardin des Voix a fait éclore, se sont croisés, et succédé, dans ce fulgurant concentré de « tragédie en musique ». Et comment ne pas citer le glorieux cortège de celles qui, ces quatre dernières décennies, se sont transmis, sous le regard du chef et claveciniste, le sceptre de la reine de Carthage : Guillemette Laurens, Véronique Gens, Stéphanie d’Oustrac, Malena Ernman, Sonya Yoncheva, Emilie Renard, et enfin Lea Desandre ?


Dido and Aeneas dans la mise en scène de Blanca Li, au Teatros del Canal. © Pablo Lorente

C’est cette dernière qui, en janvier dernier, au Teatros del Canal de Madrid, a créé le spectacle de Blanca Li – chorégraphe, voici un quart de siècle, des Indes galantes, mises en scène par Andrei Serban, au Palais Garnier. Emmaillotés d’or, les solistes, juchés telles des statues, dominent le plateau où évoluent des danseurs, dans un dialogue entre la voix et la courbe, le mouvement des corps. Depuis son clavecin, William Christie veille sur un effectif réduit à l’essence chambriste du drame, dont il renouvelle le sens, peut-être, en confiant le rôle de la Magicienne à l’interprète d’Aeneas (le baryton Renato Dolcini).

La production arrive à l’Opéra Royal de Versailles, les 17, 18 et 19 mars, avec, en Dido, une découverte : lauréate de la dernière édition du Jardin des Voix, la mezzo britannique Helen Charlston tissera les déchirants accents de sa lamentation dans une étoffe dont la jeunesse s’allie, déjà, à une vibrante profondeur.

MEHDI MAHDAVI

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