On en parle Le retour de Bianca e Falliero à Pesaro
On en parle

Le retour de Bianca e Falliero à Pesaro

25/06/2024
Jean-Louis Grinda. © DR

Situé chronologiquement entre La donna del lago et Maometto II, Bianca e Falliero reste, aujourd’hui encore, un opéra relativement oublié, au sein de la riche carrière de Rossini. Créé à la Scala de Milan, le 26 décembre 1819, ce « melodramma per musica » connaît un succès public évident, dont témoignent pas moins de trente-neuf représentations, alors que l’accueil de la critique semble, dans un premier temps, avoir été plus mitigé.

Adapté de Blanche et Montcassin (1798), une pièce française ­d’Antoine-Vincent Arnault, le livret de Felice Romani a pour cadre Venise, au XVIIe siècle. Pour mettre fin aux querelles qui opposent leurs familles, Bianca, fille de Contareno, doit épouser Capellio. Mais elle aime le vaillant Falliero, qui entend bien l’emporter sur son rival. Après de multiples péripéties, tout se termine bien pour les deux héros de cette intrigue, proche de tant d’autres, à la même époque.

Durant une vingtaine d’années, cet opéra est donné, avec parfois d’importantes modifications, sur plusieurs grandes scènes italiennes et étrangères (Lisbonne, Vienne, Barcelone…). Puis il tombe dans l’oubli, pour ne revoir le jour qu’en 1986, au « Rossini Opera Festival » de Pesaro.

L’affiche est exceptionnelle, avec, dans les rôles principaux, Katia Ricciarelli, Marilyn Horne et Chris Merritt. La direction musicale de Donato Renzetti, ainsi que la mise en scène de Pier Luigi Pizzi, également concepteur des costumes et des décors, inspirés de tableaux de Véronèse, participent au triomphe de ces soirées. Un émerveillement qu’un enregistrement sur le vif, paru sous différentes étiquettes, confirme, aujourd’hui encore.

En 1989, cette production est reprise, toujours à l’Auditorium Pedrotti de Pesaro, avec une distribution en grande partie différente, mais que certains n’hésitent pas à juger supérieure. Si Chris Merritt est toujours Contareno, Lella Cuberli et Martine Dupuy se partagent les deux rôles-titres, sous la baguette, cette fois, de Daniele Gatti.

Lors de sa dernière apparition dans la ville natale du compositeur, en 2005, au Teatro Rossini, la plateau vocal, dirigé par Renato Palumbo, est, en revanche, loin de rallier tous les suffrages, malgré la révélation du ténor Francesco Meli, face à Maria Bayo et Daniela Barcellona. Quant à la mise en scène du regretté Jean-Louis Martinoty, dont un DVD (Dynamic) garde la trace, elle est dominée par une reproduction du célèbre lion de Saint-Marc.


Maquette du décor signé Rudy Sabounghi. © DR

Dix-neuf ans, et quelques sporadiques reprises – à Bad Wildbad, Erl et Francfort – plus tard, il était temps, pour le « ROF », de revenir à cet ouvrage, qui marquera, le 7 août prochain, l’inauguration de ­l’Auditorium Scavolini, d’une capacité de 1 500 spectateurs, nouvellement aménagé au centre de la ville.

Pour ses débuts au Festival, Jean-Louis Grinda n’entend pas reprendre les partis pris de ses prédécesseurs. Il souhaite, en effet, proposer une approche « plus contemporaine, située dans les années 1950-1960 », en s’appuyant sur « un décor qui évoluera sans cesse, en accord avec une musique se renouvelant en permanence ». D’où la contribution essentielle de Rudy Sabounghi, qui signe aussi les costumes, ainsi que de Laurent Castaingt, en charge des lumières, à cette nouvelle production.

Avec un constant souci d’épure, l’attention du metteur en scène ­monégasque se portera, en particulier, sur le rôle du père, un ténor qui, pour une fois, est « un vrai méchant », même s’il s’amende à la fin de l’ouvrage. Il entend, également, rendre toute son importance au rondo final – repris de La donna del lago –, qui représente, à ses yeux, « un coup de théâtre à la portée vertigineuse ».

Sous la direction musicale de Roberto Abbado, la distribution réunira, avec Jessica Pratt et Dmitry Korchak, mais aussi la mezzo japonaise Aya Wakizono, passée par l’Accademia Rossiniana de Pesaro, quelques-uns des meilleurs spécialistes actuels du chant rossinien.

PIERRE CADARS

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