En octobre 1991, Gerard Mortier achevait son mandat de directeur général et artistique, à la Monnaie, avec une production de la Tétralogie, confiée à Sylvain Cambreling et Herbert Wernicke, et dévoilée d’emblée en cycle complet.
Trois décennies plus tard, l’institution bruxelloise retente, enfin, l’aventure du Ring. Mais, plus raisonnable, peut-être, que son prédécesseur, Peter de Caluwe – arrivant, à son tour, au terme de ses dix-huit années à la tête du théâtre – a choisi, dans un contexte qui se prête certes moins à des défis d’une telle envergure, de présenter le Prologue et les trois Journées, entre octobre 2023 et février 2025, à raison de deux volets par saison.
Initié, depuis son Lohengrin dans l’abîme mystique du Festspielhaus de Bayreuth, en 2015 (voir O. M. n° 10 p. 36 d’octobre), à l’alchimie du son wagnérien, le directeur musical de la maison, Alain Altinoglu, est associé, pour la première fois, à Romeo Castellucci.
Douze ans après son baptême opératique, avec un envoûtant Parsifal (voir O. M. n° 60 p. 43 de mars 2011) qui restera à jamais gravé dans notre mémoire, l’homme de théâtre et plasticien italien entame l’exploration de cette œuvre-monde, à la démesure de son art de la représentation démiurgique et visionnaire.
À côté de la Brünnhilde d’Ingela Brimberg, fidèle de la scène lyrique bruxelloise, les prises de rôles abondent en promesses. À commencer par celle de Gabor Bretz, basse noble au seuil de la pleine maturité exigée par Wotan, d’emblée confronté à Marie-Nicole Lemieux, d’évidence taillée pour la dignité bafouée de Fricka.
L’âme tourmentée d’Alberich teintera de ses desseins, aussi dérisoires, de prime abord, que cataclysmiques, une fois l’amour renié, le baryton caméléon de Scott Hendricks, tandis que le ténor en plein essor de Nicky Spence attisera le feu de Loge.
Plongée dans les eaux tumultueuses de cette saga au long cours, le 24 octobre, avec Das Rheingold, prélude à l’immersion in medias res dans le tourbillon de Die Walküre, le 21 janvier 2024.
MEHDI MAHDAVI