Le monde lyrique fait aujourd’hui ses adieux à l’une des ultimes divas du XXe siècle. Mémorable Violetta, la chanteuse roumaine avait débuté sa carrière à Bologne, en 1948, en remplaçant Margherita Carosio au pied levé dans La traviata de Verdi. Une prise de rôle qui la marque à vie : ce personnage ne la quittera plus, et elle ne l’interprètera pas moins de six cents fois au cours de sa carrière.
Née en Transylvanie en 1925, Virginia Zeani commence à chanter à l’âge de 13 ans dans son pays natal, puis part rapidement faire ses classes en Italie, notamment auprès du ténor Aureliano Pertile. Elle apparaît dès lors dans les plus grands rôles des opéras de Rossini, Donizetti, Verdi et Puccini. En 1956, la soprano fait ses débuts à la Scala de Milan dans Giulio Cesare in Egitto de Haendel, incarnant Cleopatra au côté de la basse Nicola Rossi-Lemeni, qu’elle épousera peu de temps après. Un an plus tard, toujours sur les planches du théâtre milanais, Virginia Zeani participe, dans le rôle de Blanche de La Force, à la mémorable création de Dialogues des Carmélites de Poulenc – qui eut lieu, rappelons-le, en version italienne. La soprano interprète également à de nombreuses reprises La Voix humaine, principalement en Italie. En France, elle se produit à de rares occasions, à Paris, mais aussi Bordeaux, Marseille, Toulouse.
En 1983, Virginia Zeani se retire de la scène pour se consacrer à l’enseignement, exerçant notamment à l’Indiana University de Bloomington, où son mari (mort en 1991) est également professeur. La soprano Anghela Gheorghiu a réagi sur Twitter à la disparition de sa compatriote, qui était « l’une de [s]es amies les plus proches : « Le monde a perdu aujourd’hui l’une des plus grandes artistes qui soient, une âme merveilleuse », écrit-elle avec émotion, présentant se condoléances à son fils Alessandro et rendant hommage à « un modèle d’humanité […], exemple pour les prochaines générations ». Virginia Zeani avait 97 ans.
ROXANE BORDE
