Chaque année depuis 1998, le pare-feu métallique qui sépare la scène de la salle du Staatsoper de Vienne se pare d’un nouveau design, pour recouvrir la décoration originale de Rudolf Eisenmenger, décrié pour ses accointances avec le régime nazi. Le projet « Rideau de fer » est né d’une coopération entre le temple lyrique de la capitale autrichienne et l’association museum in progress, dans le but de transformer le rideau de sécurité en un espace d’exposition d’art contemporain. L’Opéra de Vienne a ainsi déjà hébergé les œuvres de Tacita Dean, Jeff Koons, Franz West, Cy Twombly, David Hockney, John Baldessari ou, plus récemment, Beatriz Milhazes.
Pour la vingt-cinquième édition du projet, c’est la plasticienne Cao Fei qui a été sélectionnée. Née en Chine en 1978, l’artiste de 44 ans, dont le travail mobilise les supports multimédias et aborde des sujets comme la croissance économique, la mondialisation ou encore la numérisation, a déjà été exposée au Centre Pompidou et au Palais de Tokyo à Paris, au Guggenheim Museum de New York, et à la Serpentine Gallery, à Londres.
Son œuvre, The New Angel, a été dévoilée le 2 novembre. « Mon avatar numérique China Tracy vit dans le monde virtuel, écrit Cao Fei. Dans la salle, l’immense portrait ressemble à une sculpture tranquille. China Tracy est silencieuse et compatissante, comme une statue de Bouddha. Elle observe silencieusement le monde réel à travers la lourde couche du rideau de scène, sans donner de réponse. » Cette proposition, que Daniel Birnbaum, l’un des membres du jury de sélection, décrit comme « sûrement pas tout à fait agréable – peut-être même un peu dérangeante », restera en place jusqu’en juin 2023.
AMALIA LAMBEL