Directeur musical, jusqu’à la fin de la saison prochaine, du Chicago Symphony Orchestra (CSO), avec lequel il vient d’achever un cycle des opéras de Verdi en version de concert, entamé en 2013, année du bicentenaire de la naissance de son compositeur fétiche, Riccardo Muti s’est vivement opposé à une révision du livret d’Un ballo in maschera, dont certains passages sont jugés racistes.
Au premier acte, notamment, le Juge décrit la voyante Ulrica, accusée de sorcellerie, comme étant « de l’immondo sangue dei negri » – ce qui se passe aisément de traduction. De nombreuses maisons d’opéra ont déjà pris le parti d’apporter des corrections à certains livrets censément problématiques. Fermement opposé à cette pratique, le Maestrissimo a tenu à préserver cette réplique, malgré la pression de certaines autorités et de musiciens de l’orchestre – alors même que le Teatro alla Scala de Milan a jugé bon, le mois dernier, de la transformer en « del demonio maga servile » (sorcière servile du démon).
Dans des interviews accordées au Corriere della Sera et à la Repubblica, Muti explique que cette « phrase infâme ne reflète pas la pensée de Verdi (…) qui dénigre le racisme, la cruauté et l’ignorance du Juge », et que « changer le texte ne changera pas l’Histoire. » Pour le chef italien, il est important, au contraire, que la jeunesse entende les horreurs du passé.
Cette prise de position n’est pas passée inaperçue aux États-Unis, fief de la cancel culture, et encore moins à Chicago, dont la maire afro-américaine, Lori Lightfoot, avait refusé de s’entretenir avec des journalistes blancs l’année dernière, en raison de leur couleur de peau.
LA RÉDACTION
