Le 4 novembre, l’Arts Council England, organisme gouvernemental en charge du financement de la culture en Angleterre, annonçait sa décision de couper la subvention annuelle de l’English National Opera, en échange d’un investissement de 17 millions de livres sterling sur trois ans, à condition qu’il s’installe à Manchester. Après avoir étudié la question, Stuart Murphy, directeur général de l’ENO, rejette cette décision, et milite pour qu’elle soit annulée.
Outre que l’ACE n’a manifestement pas jugé utile d’avertir les autres parties concernées – Opera North, basé à Leeds, le maire du Grand Manchester, Andy Burnham, ou encore Factory International, dont les locaux étaient censés accueillir le nouvel ENO… -, Murphy juge ce déménagement parfaitement irréalisable. L’opéra requiert, en effet, des savoir-faire spécifiques, sur scène et en coulisses, « qui ne s’acquièrent pas en trois ans ». Il insiste aussi sur les fonds nécessaires à faire tourner une maison d’opéra, que Manchester ne sera pas en mesure de fournir, puisque la plupart des ressources de la ville sont déjà allouées à Opera North.
Pour le directeur de l’ENO, cette mesure menace en réalité une maison « aux racines vraiment profondes » et ajoute que « s’ils ne font pas attention, ils vont démanteler une organisation artistique presque centenaire, et considérée comme un phare dans le travail de destruction des préjugés sur l’opéra. »
Il est d’ailleurs loin d’être le seul à le penser, puisque la pétition de soutien à l’ENO lancée par le baryton-basse Bryn Terfel a déjà recueilli près de 50000 signatures.
AMALIA LAMBEL