C’est à la fin des années soixante-dix, après être passé par le Kammerspiele de Munich, le Nationaltheater de Mannheim et le Thalia Theater de Hambourg, que Jürgen Flimm fait ses premiers pas dans le monde lyrique, avec la création allemande d’Al gran sole carico d’amore de Luigi Nono, à Francfort. Quelques Così et Contes d’Hoffmann plus tard, il entame un fructueux partenariat artistique avec le chef d’orchestre Nikolaus Harnoncourt. À la Scala de Milan, au Metropolitan Opera de New York, au Covent Garden de Londres, ou encore au Festival de Bayreuth, où il monte le Ring en 2000, l’homme de théâtre enchaîne désormais les opéras.
Après avoir succédé à Gerard Mortier à la tête de la Ruhrtriennale, le metteur en scène devient, en 2006, directeur artistique du Festival de Salzbourg, dont il avait précédemment assuré la direction théâtrale. « Le drapeau noir qui flotte aujourd’hui sur le Festspielhaus est un symbole de deuil et de gratitude pour le travail accompli par Jürgen Flimm », a déclaré la direction dans un émouvant communiqué, qui retrace les grands moments de son mandat. Outre une programmation intelligente et variée, l’institution souligne l’engagement du metteur en scène envers les jeunes artistes. En 2002, il lance le Young Directors Project, un concours destiné aux jeunes metteurs en scène, puis le Young Singers Project, son équivalent pour les chanteurs.
Jürgen Flimm quitte Salzbourg pour Berlin en 2010 : pendant huit ans, l’Intendant du Staatsoper Unter den Linden met sur pied quelques centaines de nouvelles productions, signant lui-même quelques mises en scène mémorables. Restant fidèle à son goût pour les répertoires moderne et contemporain, il présente notamment Wissen Sie, wie man Töne reinigt, sur des œuvres de Satie, Luci mie traditrici et Macbeth de l’Italien Salvatore Sciarrino, tout en continuant à collaborer avec d’autres grandes maisons, comme le Staatsoper de Vienne.
Jürgen Flimm s’est éteint ce samedi à l’âge de 81 ans. En 2008, il choisissait Eros et Thanatos comme thème du Festival de Salzbourg, citant Le Cantique des cantiques : « Car l’amour est fort comme la mort ». Une phrase qui résonne particulièrement en ces jours de deuil.
ROXANE BORDE