L’ouverture de la saison lyrique milanaise, qui a traditionnellement lieu le 7 décembre, jour de la Saint-Ambroise, patron de la ville, aura décidément fait couler beaucoup d’encre. Quelques heures avant la première du fameux Boris Godounov décrié par le consul d’Ukraine, le Teatro alla Scala a fait l’objet d’une opération militante destinée à alerter l’opinion publique sur le changement climatique. À l’aube, cinq membres du mouvement Last Generation ont arrosé les murs extérieurs de la maison d’opéra avec des peintures colorées et déployé des banderoles « Last Generation – No Gas and No Carbon ».
« Nous avons décidé d’asperger La Scala avec de la peinture pour demander aux hommes et femmes politiques qui assisteront à la représentation de ce soir d’arrêter de faire l’autruche et d’intervenir pour sauver la population », explique le communiqué, qui évoque également le glissement de terrain survenu sur l’île d’Ischia, et qui a causé la mort de douze personnes. « La situation économique et environnementale s’aggrave de jour en jour », insiste-t-il. Le moment était particulièrement bien choisi, puisque ce gala d’ouverture compte de prestigieux invités politiques, notamment le président de la République italienne Sergio Mattarella, et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Après les musées, qui ont fait l’objet de nombreuses actions militantes écologistes ces derniers mois, les maisons d’opéras sont à leur tour le décor de ce type d’opérations. À Paris, c’est un membre du mouvement Dernière rénovation qui avait interrompu une représentation de Die Zauberflöte à l’Opéra Bastille. Après être monté sur scène et s’être attaché à un élément du décor, le jeune homme avait crié : « Si je suis là ce soir, c’est pas par plaisir ». Après cet incident, qui a eu lieu fin octobre, la direction de l’Opéra de Paris a décidé de renforcer les contrôles à l’entrée. La fouille des sacs des spectateurs nécessitant plus de temps qu’auparavant, les représentations qui ont suivi ont d’ailleurs commencé avec du retard, car tout le monde n’avait pas réussi à entrer dans la salle à temps.
Si ces écologistes choisissent de faire parler d’eux au sein d’institutions culturelles, ce n’est pas pour les pointer du doigt en tant que pollueurs, mais au contraire, pour alerter sur la nécessité de les préserver. Sur le compte Twitter de Dernière rénovation, les militants ont exprimé à l’occasion de leur action à l’Opéra Bastille leur sentiment d’urgence à protéger « tout ce qui est beau : la vie, la culture, la passion ».
ROXANE BORDE