Dans la lignée d’Alfred Deller, qui a fait renaître la voix d’alto masculine dès les années quarante du siècle dernier, James Bowman était l’un des représentants de la nouvelle école de contre-ténors, aux côtés de son compatriote britannique Paul Esswood et du belge René Jacobs, notamment. Il est mort ce lundi 27 mars, à 81 ans.
Après avoir fait partie du chœur d’enfants de la Cathédrale d’Ely, James Bowman rejoint le New College Choir et le Christ Church Cathedral Choir d’Oxford, pendant ses études d’histoire. Vers 20 ans, il se met sérieusement à travailler sa voix et se découvre une certaine facilité dans le registre de falsetto. Lors d’une audition à l’English Opera Group, en 1967, le contre-ténor est repéré par Benjamin Britten, qui lui confie Oberon, dans son opéra A Midsummer Night’s Dream (1960), au Festival d’Aldeburgh – un rôle imaginé pour Alfred Deller, et qui deviendra l’un de ses favoris. Le compositeur, qui écrivait toujours en ayant en tête les créateurs de ses œuvres, lui destinera par la suite d’autres rôles, notamment celui de la Voix d’Apollon dans Death in Venice (1973).
Si le contre-ténor s’est distingué dans le contemporain, il s’est adonné à la musique ancienne avec passion. En 1967, il intègre l’ensemble Early Music Consort of London et travaille aux côtés du flûtiste David Munrow, du violiste Oliver Brooke et du claveciniste Christopher Hogwood. Ensemble, ils explorent les partitions du Moyen Âge et de la Renaissance. Le baroque et les rôles de castrats lui vont, par ailleurs, à merveille : son timbre, à la fois clair et puissant, épouse parfaitement les personnages des opéras de Haendel et les parties d’alto de ses oratorios.
Si les répertoires défendus par James Bowman paraissent très british, sa foisonnante discographie, qui compte plus d’une centaine d’enregistrements, témoigne de la variété des œuvres qu’il interprétait. En apprenant sa mort, le contre-ténor Iestyn Davies lui a rendu hommage sur son compte Twitter : « Être contre-ténor aujourd’hui, peu importe où dans le monde, revient à suivre les traces d’Alfred Deller et de James Bowman ».
ROXANE BORDE