L’Opéra de Rouen Normandie vient d’annoncer qu’il serait contraint de fermer ses portes pendant six semaines ce printemps. Fragilisée depuis plusieurs années, l’institution ne parviendra pas à maintenir l’ensemble de sa programmation dans ce contexte de violente inflation. L’opéra participatif Cendrillon ou le Grand Hôtel des Songes (d’après La Cenerentola de Rossini), la création française de The Convert de Wim Henderickx, le spectacle Contes en musique et les concerts Cordes dansantes ainsi que Souvenirs et métamorphoses, qui devaient se tenir du 1er avril au 7 mai, sont donc annulés.
« C’est un déchirement pour nous que de devoir renoncer à certaines créations dans les prochains mois et, plus encore, de suspendre les dispositifs participatifs, patiemment développés pour permettre au plus grand nombre de goûter aux joies de l’opéra », a souligné le directeur général de la maison, Loïc Lachenal. Il faut dire que sur les 15 000 spectateurs concernés par ces annulations, 12 000 sont des enfants.
Le communiqué transmis par l’Opéra de Rouen précise que cette décision permettra de mieux préserver l’activité de la saison 2023-2024, et évoque sans détour l’avenir à plus long terme : « L’enjeu est de redéfinir les perspectives pour cet établissement au regard de la place et du rôle structurant qu’il occupe au sein de la Métropole de Rouen pour maintenir l’ambition de ce projet que tous appellent pour ce territoire ».
Voici quelques semaines, l’Opéra National du Rhin annonçait déjà avoir dû se résoudre à modifier la programmation des deux représentations du Conte du Tsar Saltan de Rimski-Korsakov prévues à la Filature de Mulhouse, en annulant la première, et en transformant la seconde en version de concert, en raison de l’augmentation de ses charges, associée à une baisse de ses subventions. Et c’est à présent au tour de l’Opéra Orchestre National Montpellier Occitanie de se voir forcé de reporter à une saison ultérieure la production scénique des Szenen aus Goethes Faust de Schumann, remplacée par une exécution du Requiem de Verdi.
Il n’est pas inutile, dès lors, de rappeler qu’un collectif de professionnels et d’élus, dont Loïc Lachenal, avait tiré la sonnette d’alarme, dans une tribune publiée en décembre dernier par le quotidien Le Monde, sous le titre « Madame la ministre de la culture, la fermeture de nos établissements n’est plus une chimère ! », en réclamant, « de toute urgence », l’organisation de conférences budgétaires territoriales. Aujourd’hui, l’urgence est bien là !
ROXANE BORDE
