Surintendant du Teatro del Maggio Musicale Fiorentino depuis août 2019, Alexander Pereira a annoncé sa démission dans une lettre adressée au maire de Florence, Dario Nardella. Il rappelle qu’à son arrivée, la fondation du théâtre était endettée à hauteur de 57 millions d’euros. Il s’agissait alors pour lui de trouver des sponsors et de hisser l’opéra à un niveau artistique de renommée internationale. Suite à la pandémie liée au Covid, la guerre en Ukraine a entraîné une augmentation des coûts de l’Infrastructure italienne.
Malgré ces épreuves, l’ex-surintendant autrichien dresse un bilan positif de son mandat : 9,7 millions d’euros de sponsoring supplémentaires, et une billetterie montrant des signes très encourageants avec 1,2 millions d’euros de recettes pour les quatre premiers mois de l’année 2023. Le gouvernement italien a également alloué 35 millions d’euros pour faire face à la dette colossale qui pesait sur l’institution. Sur le plan artistique, on notera notamment l’ouverture de la Sala Mehta avec Fidelio de Beethoven, dirigé par Zubin Mehta, l’obtention, pour la première fois depuis dix-sept ans, du Prix Abbiati, décerné par la critique musicale italienne, avec Il ritorno d’Ulisse in patria de Monteverdi, mis en scène par Robert Carsen, ou encore la réouverture de la Sala Grande, avec Don Carlo sous la baguette de Daniele Gatti et la première de Doktor Faust de Busoni dans une production de Davide Livermore, qui a accueilli plus de cent critiques et journalistes du monde entier.
« Outre le fait d’avoir une tâche très difficile, d’être en même temps toujours attaqué de l’intérieur du théâtre et de l’extérieur, notamment par la presse », ce sont des raisons personnelles qui ont conduit Alexander Pereira à prendre la décision de se retirer. « Je n’ai jamais eu un moment de calme, écrit-il dans sa lettre de démission. Cette situation m’a fait perdre 20 kilos, et m’a également conduit à une crise de santé au début du mois de décembre. » Et d’ajouter : « J’ai bénéficié d’un grand soutien de la part du public et des artistes, mais les forces qui ont travaillé contre moi n’ont jamais voulu prendre en considération cette position du public et des artistes. Je suis désolé qu’après avoir travaillé pendant tant d’années dans de grands théâtres à l’instar de Vienne, Zurich, Salzbourg et Milan, cette expérience à Florence soit devenue si triste que je n’ai plus envie de la poursuivre. »
Alexander Pereira a été mis en cause pour des dépenses personnelles pendant son mandat. Parmi ces factures, on compte notamment des notes de restaurants à Ibiza et Florence, dans une maison de ventes aux enchères à Berlin ou encore des visites chez le poissonnier, le boucher, à la boulangerie… pour un montant total de 60 000 euros avec la carte de crédit du théâtre en 2021, et de 14 000 euros pour les quatre premiers mois de l’année 2022. Des dépenses alors qualifiées « d’investissements nécessaires » par l’intéressé. Hier, le parquet de Florence a demandé une mesure d’interdiction, qui sera décidée par le juge des investigations préliminaires (GIP) après l’interrogatoire, à l’encontre d’Alexander Pereira, qui fait toujours l’objet de cette enquête pour fraude.
Un départ inattendu qui laisse comme un goût d’amertume …
MAXIME PIERRE