Fonder une troupe de chanteurs de l’Opéra de Paris était l’un des premiers souhaits exprimés par Alexander Neef, dès sa prise de fonction. Aussitôt dit, aussitôt fait ? Joignant les actes à la parole, l’institution a commandé « une mission à une personnalité extérieure », dont les conclusions ont débouché sur l’ouverture, le 7 juillet, des inscriptions aux premières auditions de recrutement, prévues cet automne.
La troupe, dont les activités débuteront le 16 août 2023, sera composée d’une quinzaine de chanteurs, engagés pour une durée moyenne de trois saisons. Ils devraient se produire dans une quarantaine de représentations par saison et assurer, dans un premier temps, les seconds rôles aux côtés des artistes invités.
Le directeur de l’Opéra se réjouit de la création de la troupe qui représente « une garantie de stabilité, de développement artistique et de notoriété pour des chanteuses et des chanteurs qui ont besoin d’apprivoiser la scène. C’est aussi une manière de tisser des liens nouveaux avec le public, qui pourra découvrir des voix et des personnalités, les suivre sur la durée, à Paris ou lors de tournées ou activités pédagogiques dans toute la France. »
Plutôt que d’une création, il s’agit, en réalité, d’une résurrection, l’Opéra de Paris ayant abrité une troupe jusqu’en 1973, année de l’arrivée à sa tête de Rolf Liebermann, qui obtint sa suppression.
Mais alors pourquoi y revenir aujourd’hui ? Ni maison de répertoire, observant la stricte alternance de courtes séries de représentations, notamment en puisant parmi les membres de la troupe, ni théâtre de stagione, pratiquant une politique de festival permanent avec des artistes invités censément prestigieux, la Grande Boutique emprunte, depuis un quart de siècle – et la rationalisation de la programmation, entre l’Opéra Bastille et le Palais Garnier, par Hugues Gall – à ces deux modèles, en penchant tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, en fonction de la personnalité de son capitaine.
Même s’il tient à conserver cet équilibre, ainsi qu’il s’en expliquait dans un entretien à Opéra Magazine (n°174, juillet-août 2021), Alexander Neef a vu l’avantage qu’il pouvait tirer de la présence de chanteurs permanents au sein de la maison, pour assurer le roulement des productions inscrites au répertoire, et partant vouées à être reprises fréquemment.
Peut-être est-ce aussi un moyen de relever l’Opéra National de Paris, que Stéphane Lissner, parti précipitamment pour le Teatro di San Carlo de Naples, avait laissé, selon sa propre expression, « à genoux » ?
LA RÉDACTION
