Concours et masterclasses 9e Concours « Paris Opera Competition »
Concours et masterclasses

9e Concours « Paris Opera Competition »

02/12/2025
Steffan Lloyd Owen (1er Prix et Prix du Jury). © Véronique Almansa

Théâtre Marigny, 18 novembre 

De ce concours biennal, seule la finale est publique, véritable spectacle de gala accompagné à l’orchestre, mis en scène (Florence Alayrac), avec costumes et lumières, ainsi que de plaisants discours de liaison de Philippe Matignon et Frédéric-Pierre Vos. Sur 460 candidats, 60 ont été choisis (sur vidéo) pour la demi-finale (en avril dernier à Paris), à l’issue de laquelle 10 ont été retenus, finalement réduits à 9 (trois sopranos, une mezzo, un ténor, deux barytons, et, pour la première fois, deux contre-ténors) suite à la défection du ténor britannique Sam Harris – Sahy Ratia est gentiment venu le remplacer pour le duo du Barbiere di Siviglia, « All’idea di quel metallo ». Chacun devait présenter un air de son choix ainsi qu’un duo (plus, pour certains, un trio) imposé par le concours. On a, chez plusieurs, été frappé par des choix d’airs peu adaptés à leurs moyens ou ne les présentant pas forcément sous leur meilleur jour.

Ce n’est pas le cas pour le contre-ténor français Théo Imart, 30 ans, ancien du Jardin des Voix, qui a remporté le Prix du Public, ainsi que le 3e Prix (Prix de la Présidente) avec un « Parto » de La clemenza di Tito fort performant, au legato soigné, aux vocalises nettes et aux aigus faciles (jusqu’au si bémol), l’instrument ayant beaucoup gagné en homogénéité. On a moins aimé son duo de Rinaldo (avec une Almirena assez criarde) et le trio d’Idomeneo, où son Idamante n’évitait pas quelques stridences. Plus discutable est le 2e Prix (Prix Claude Dassault) décerné à Elene Gvritishvili, soprano russe de 26 ans issue du Programme des jeunes artistes du Bolchoï et actuellement à l’Opera-Studio du Bayerische Staatsoper. Elle a délivré un « Tanti affetti » (La donna del lago) sans éclat particulier, cet air, destiné à la voix centrale d’Isabella Colbran, exposant un grave faible, un aigu un rien dur et manquant d’ampleur, et des vocalises assez scolaires.

1er Prix (Prix du Jury) assez justifié en revanche pour le Gallois Steffan Lloyd Owen (30 ans), membre de l’Opéra Studio de Zurich qui, dès le duo de L’elisir d’amore (avec le Nemorino plus effacé d’Aaron Godfrey-Mayes), a montré un baryton mordant, avec une grande autorité tant vocale que scénique. Est-ce tout à fait suffisant pour rendre pleinement justice à l’air d’Hérode de Massenet (« Vision fugitive »), qui exige une autre ampleur dans l’aigu et davantage de corps dans le grave, sans parler d’un français perfectible ?

Des autres finalistes, nous aurions volontiers distingué Gabrielle Beteag, mezzo-soprano américaine de 30 ans dont l’instrument puissant – mais un peu brut de décoffrage – et l’implication dramatique ont fait sensation en Azucena (« Condotta ell’era in ceppi »), mais ont semblé hors propos dans le duo « Mira, o Norma », aux côtés il est vrai de la Norma insignifiante de Kathryn Henry. La soirée a été accompagnée avec beaucoup de pertinence stylistique – sauf pour le baroque – par l’orchestre Paris Opera Competition, excellemment dirigé par Victor Jacob.

THIERRY GUYENNE

Jury :
Julien Benhamou (président)
Jochen Breiholtz
Khori Dastoor
Sophie Joyce
Peter Katona
Christian Thompson
Isla Mundell-Perkins
Mathieu Pordoy
Evamaria Wieser

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