1 DVD Opus Arte OA1395D & 1 Blu-ray OABD7330D
Plus d’un siècle après sa première représentation à l’Opéra-Comique, Les Contes d’Hoffmann est toujours une œuvre en chantier. Pour chaque nouvelle production, où que ce soit dans le monde, se posent les mêmes questions : quelle version choisir qui soit la plus proche possible des intentions du compositeur ? Disons le d’emblée, les partis pris qu’adopte la mise en scène de Damiano Michieletto nous paraissent judicieux, sinon irréfutables. Ils tiennent compte des recherches récentes consacrées à l’élaboration difficile de cet ouvrage, tout en opérant un tri nécessaire entre ce qui est et ce qui n’est pas de la main d’Offenbach. Avant d’arriver au Covent Garden, en novembre 2024, ce spectacle à Venise (voir O. M. n° 199 p. 104). Lyon est sur le point de le reprendre à partir du 16 décembre. Son principal attrait réside dans sa continuelle inventivité. Solistes, choristes et danseurs semblent tous entraînés dans un mouvement un peu fou, où les ombres et les couleurs, les costumes insolites et les surprises de tout ordre retiennent toujours l’attention. À quelques nuances près, l’esprit de l’œuvre n’est pas trahi dans une telle ambiance, proche souvent de certaines comédies musicales d’aujourd’hui.
À la tête de l’orchestre londonien, Antonello Manacorda parvient à maintenir un juste équilibre entre les différents éclairages et les différentes ouvertures que réserve cet opéra inclassable. Avec une prodigieuse aisance, une voix d’une jeunesse et d’une résistance inaltérées, un engagement scénique toujours aussi captivant, Juan Diego Flórez vient ajouter Hoffmann à la liste des grands rôles qui sont déjà à son actif. Différentes comme il se doit, autant par leur identité que par leur technique, Olga Pudova, Ermonela Jaho et Marina Costa-Jackson apportent la séduction et le trouble qui s’attachent à Olympia, Antonia et Giulietta. Présent déjà lors des représentations vénitiennes, Alex Esposito retrouve avec son panache habituel les rôles des « méchants », auxquels il prête sa belle assurance. On admire également l’aisance de Julie Boulianne et la mobilité de Christophe Mortagne. La distribution vocale dans son ensemble et le chœur en particulier appellent les mêmes éloges. Certes, cette production nouvelle des Contes d’Hoffmann ne manquera pas de rencontrer quelques critiques plus ou moins méritées ; nous n’hésitons pourtant pas à la situer au niveau de celles de Robert Carsen pour l’Opéra National de Paris (TDK, 2002) et d’Olivier Py pour le Grand Théâtre de Genève (BelAir, 2009).
PIERRE CADARS
Juan Diego Flórez (Hoffmann) – Christine Rice (La Muse, La Voix de la Mère) – Julie Boulianne (Nicklausse) – Olga Pudova (Olympia) – Ermonela Jaho (Antonia) – Marina Costa-Jackson (Giulietta) – Alex Esposito (Lindorf, Coppélius, Miracle, Dapertutto) – Christophe Mortagne (Andrès, Cochenille, Frantz, Pitichinaccio) – Vincent Ordonneau (Spalanzani) – Alastair Miles (Crespel) – Jeremy White (Luther) – Grisha Martirosyan (Hermann, Schlémil) – Ryan Vaughan Davies (Nathanäel)
Royal Opera Chorus, Orchestra of the Royal Opera House, dir. Antonello Manacorda. Mise en scène : Damiano Michieletto. Réalisation : Rhodri Huw (16:9 anamorphic ; Dolby Digital 5.1)
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