Opéras Akhnaten à Paris
Opéras

Akhnaten à Paris

05/11/2025
Julie Robard-Gendre, Patrizia Ciofi, Fabrice di Falco, Léo Warynski, Lucinda Childs et Vincent Le Texier. © Ondine Bertrand/Cheeese

Philharmonie, 25 octobre

Après les représentations de Satyagraha à l’Opéra de Nice, puis un concert grandiose à la Philharmonie de Paris, voilà Philip Glass (né en 1937) honoré au seuil de la saison 2025-2026. Dans la grande Salle Pierre Boulez – ironie de célébrer une œuvre rythmique et lyrique en un lieu dévolu à l’auteur de tout autres recherches ? –, la réussite est complète et le public, où les jeunes spectateurs sont nombreux, subjugué. Léo Warynski, féru de chant classique et de musique contemporaine, dirige avec une souple rigueur l’Orchestre Philharmonique de Nice, aux sonorités envoûtantes. Étant donné l’absence de violons, due aux circonstances de la création en 1984 à Stuttgart, les cordes graves apportent à l’ensemble une couleur sombre propice à la méditation. La petite harmonie, les cuivres, le jeu de cloches, le célesta parachèvent le mystère. Le Prélude et sa reprise dans l’Épilogue annoncent l’éternité. Dirigé par Giulio Magnanini, présent à son côté sur le plateau, le Chœur de l’Opéra de Nice confère à cette version de concert l’élévation spirituelle de l’oratorio.

La distribution atteint à la perfection. Figure légendaire du minimalisme, danseuse, chorégraphe, collaboratrice de Philip Glass, Lucinda Childs assume la partie de récitant en langue anglaise. Fabrice di Falco campe le rôle-titre avec une tenue de scène, une démarche qui conviennent au réformateur, au fondateur du monothéisme, au souverain déchu, mélange de noblesse et de fragilité. Sa voix de contre-ténor fluide et toujours timbrée s’unit dans les duos et trios aux deux voix féminines d’alto et de soprano. De l’« Hymne au soleil », il fait un moment d’exception. À l’acte II, Julie Robard-Gendre, Nefertiti impressionnante à la riche voix de mezzo, revêtue d’une robe couleur de flamme, Patrizia Ciofi, reine Tye aux vocalises aériennes dans sa robe pailletée bleue, composent avec Fabrice di Falco de vrais bouquets de fleurs.

Les opposants attachés à l’ancien rite d’Amon, d’Isis et d’Osiris sont Frédéric Cornille (Horemhab), Frédéric Diquero (le grand prêtre) et Vincent Le Texier (Aye). Leur conjuration vient à bout de la cité nouvelle, non sans réminiscences du « grand opéra ». Un vœu : qu’une production scénique parisienne rende justice à cette distribution idéale.

PATRICE HENRIOT

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