Opéras Les Contes d’Hoffmann à Paris
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Les Contes d’Hoffmann à Paris

13/10/2025
Michael Spyres, Amina Edris et Jean-Sébastien Bou. © Stefan Brion

Opéra-Comique, 29 septembre

Diversement reçue à sa création à Strasbourg (voir O. M. n° 210 p. 67 de mars 2025), la production de Lotte de Beer des Contes d’Hoffmann s’installe à l’Opéra-Comique avec une distribution largement renouvelée. D’évidence, ce qui a dérangé alors et continue de laisser sceptique n’est pas tant la réalisation scénique, plutôt efficace, que le choix dramaturgique de réduire au minimum les aspects théâtraux, surtout comiques, au profit d’une approche au second degré où la Muse se livre à une « psychanalyse » du protagoniste et une critique de ses « contes ».

Entièrement écrit par Peter te Nuyl, de même que les dialogues « en scène », son « discours » qui dénonce l’aveuglement, le narcissisme et l’orgueil de l’écrivain relève de la psychologie à trois sous et semble n’être là que pour renforcer les aspects féministes d’un opéra dont le livret lui-même est suffisamment parlant. Cette approche bénéficie à la Muse, en fait un personnage central, tout autant que le choix de l’édition critique qui lui offre un très bel air inédit avant l’acte d’Antonia.

Héloïse Mas peut y faire valoir un timbre splendide au médium chaleureux et une parfaite articulation. On ne saurait en dire autant de l’Hoffmann de Michael Spyres dont l’aigu, souvent forcé, se ressent de l’abus des rôles dramatiques et dont l’articulation assez brouillonne n’est compensée que par un investissement inégal. Le ténor semble avoir définitivement sacrifié ses origines de lyrique à une émission qui laisse peu de place à la nuance. Malgré un aigu assez métallique, Amina Edris paraît plus à sa place en Antonia que dans les vocalises d’Olympia, dont elle ne se sort qu’en allégeant au maximum sa voix très centrale. L’acte de Venise qui, dans cette version, est sans doute le plus intéressant et où apparaît un air inédit pour l’héroïne, la voit très à l’aise dans le mezzo de Giulietta.

On saluera l’impeccable performance de Jean-Sébastien Bou dans ses incarnations diaboliques où, s’il ne possède pas exactement le grave d’un vrai baryton-basse, sa projection magnifiquement contrôlée compense largement. Aucune faiblesse du côté des petits rôles, du Spalanzani de Matthieu Justine au Crespel de Nicolas Cavallier, en passant par la Voix de la Mère et les quatre valets de Raphaël Brémard, dont seul Frantz parvient à être drôle grâce à son petit air.

Le chœur Aedes apporte à l’ensemble une contribution de très haut niveau et, sous la direction assez carrée de Pierre Dumoussaud, l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg donne le meilleur de lui-même dans une exécution qui n’appelle aucune réserve et lui vaut un succès mérité.

ALFRED CARON

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