2 DVD 811808 & 1 Blu-ray CM 811904

On pouvait espérer que le DVD corrige au moins en partie l’échec de la nouvelle production des Contes créée lors de l’été salzbourgeois 2024 (voir O. M. n° 206 p. 66 d’octobre). C’est le cas au premier acte, où la caméra évite opportunément l’immense mur dégradé dressé face à la salle, et au pied duquel vient échouer le malheureux Hoffmann, clochard arrivé au dernier état de l’ivresse, poussant le caddie rempli des essais de pellicules ratés qu’il vient de tourner. La suite ne laisse malheureusement plus aucun espoir, livrant avec peine des décors chaotiques et une action le plus souvent difficilement lisible, avec un plateau maladroitement fragmenté et trop souvent surencombré par une figuration pléthorique supposée faire vivre le petit monde des studios mais parasitant largement le jeu des protagonistes : on n’aura pas le courage d’y revenir.
Dommage pour une exécution musicale dans l’ensemble de haut niveau, qui elle méritait d’être pérennisée. Pour le très remarquable Hoffmann de Benjamin Bernheim, d’un lyrisme charmeur et assumant courageusement un personnage ingrat, peu crédible. Pour la superbe prestation vocale de Kathryn Lewek dans les quatre rôles féminins, avec une impeccable et très impressionnante colorature, même si l’actrice, très mal servie par la production, n’est pas au même niveau. Pour le jeu au contraire intensément vivant et expressif de la Muse et du Nicklausse de Kate Lindsey, la plus acclamée aux saluts – dont s’abstient l’équipe de production, copieusement huée dès la première… Pour les très honorables seconds rôles, même si Michael Laurenz est vocalement très en retrait en Spalanzani. Un peu moins pour les quatre rôles masculins assumés par Christian Van Horn, qui finit par fatiguer beaucoup en Dapertutto. Pour la prestation de premier plan de l’orchestre et des chœurs enfin, même si la direction prudente de Marc Minkowski nous laisse un peu sur notre faim, malgré des choix convaincants, notamment celui des récitatifs orchestrés et d’autres aménagements divers, qu’il expliquait précisément dans un texte du programme de salle qu’on aurait aimé retrouver dans le livret du DVD. Au bout du compte, un simple CD aurait peut-être été préférable. Tel quel, il faudra le plus souvent faire une croix sur l’image.
FRANÇOIS LEHEL
Benjamin Bernheim (Hoffmann) – Kate Lindsey (La Muse, Nicklausse) – Kathryn Lewek (Olympia, Antonia, Giulietta, Stella) – Christian Van Horn (Lindorf, Coppélius, Dr. Miracle, Dapertutto) – Marc Mauillon (Andrès, Cochenille, Frantz, Pitichinaccio) – Michael Laurenz (Spalanzani) – Jérôme Varnier (Crespel, Luther) – Géraldine Chauvet (La Voix de la Mère) – Philippe-Nicolas Martin (Schlémil, Hermann) – Paco Garcia (Nathanaël)
Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor, Wiener Philharmoniker, dir. Marc Minkowski. Mise en scène : Mariame Clément. Réalisation : Michael Beyer (16:9 ; stéréo : PCM ; DTS 5.1)
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