1 Blu-ray Arthaus 109345

La vidéographie d’Ernani commence à s’étoffer, au point de compter une demi-douzaine d’entrées. Cette publication tardive de la production monégasque de 2014 (voir O. M. n° 96 p. 63 de juin) propose l’absolu classicisme – proche de l’« opéra de papa » – de la mise en scène assez élégante de Jean-Louis Grinda, qui s’appuie tout du long sur les reflets évocateurs des miroirs surplombant la scène – un véritable décor à eux seuls, notamment dans la crypte d’Aix-la-Chapelle. Une production relativement peu éclairée que la haute-définition retranscrit sans perte de netteté.

Au niveau vocal, c’est chez les clés de fa que l’on trouvera le plus de matière à satisfaction, particulièrement chez un Ludovic Tézier royal de souffle, de ligne, de legato. Hormis un léger détimbrage des piani, son monarque l’emporte sur toute la ligne, tant dans la vindicte initiale que dans la clémence finale. Assez peu crédible en vieillard, Alexander Vinogradov offre une glorieuse homogénéité et un point d’équilibre proche de l’idéal entre étoffe et précision technique, Silva jamais dans la recherche du volume pour le volume. 

On retrouve aussi Ramón Vargas dans sa grande période, bien qu’ici légèrement surdistribué. Si le timbre, jeune et solaire, reste extrêmement séduisant, le format du rôle-titre pousse le ténor mexicain dans ses retranchements, au sacrifice d’aigus plus forcés que brillants. La seule véritable déception provient pourtant de l’Elvira de Svetla Vassilieva, dont l’émission, tubée, place toutes les voyelles dans le même trou, corrodant l’intelligibilité, tandis que l’aigu manque de stabilité, la colorature d’agilité, et que le timbre se dérobe dans le grave.

En fosse, Daniele Callegari, sur qui la caméra s’attarde parfois au I, dirige ciselé et leggiero, parfois davantage dans le sillage rossinien que dans les crépitements cravachés du jeune Verdi, qu’on peut aimer plus électrique. Mais la souplesse du geste, le cadrage des ensembles, dignes d’un authentique « maestro concertatore », sont à saluer. Le public de la Salle Garnier de Monte-Carlo, d’une discrétion exemplaire, n’applaudit qu’à la fin de chaque acte.

YANNICK MILLON

Ramón Vargas (Ernani) – Ludovic Tézier (Don Carlo) – Alexander Vinogradov – (Don Ruy Gomez de Silva) – Svetla Vassileva (Elvira) – Karine Ohanyan (Giovanna) – Maurizio Pace (Don Riccardo) – Gabriele Ribis (Jago)

Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, dir. Daniele Callegari. Mise en scène : Jean-Louis Grinda. Réalisation : Stéphan Aubé (16:9 ; stéréo : PCM 2.0 ; DTS-HD Master Audio 5.1)

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