Opéras Nabucco à Sanxay
Opéras

Nabucco à Sanxay

07/09/2025
Ewa Vesin et Ariunbaatar Ganbaatar. © Jean-Michel Piqué

Théâtre gallo-romain, 11 août

Le Festival de Sanxay fête ses 25 ans. Malgré les incertitudes qui pèsent chaque année sur le monde culturel, ces « Soirées Lyriques » proposées dans l’un des rares sites gallo-romains de la Vienne continuent d’exister et d’attirer curieux et fidèles. La Bohème (2024), Don Giovanni (2023), Il barbiere di Siviglia (2022) et Nabucco cette année sont des titres grand public abordés avec simplicité selon des budgets serrés qui n’interdisent cependant par la présence de certains artistes célèbres : Anna Pirozzi, Florian Sempey, María José Siri ou Stefan Pop sont passés par Sanxay et appelés à y revenir.

Cette nouvelle production ne déroge pas à la règle. Décors assyro-babyloniens, costumes de belle facture (Anna Biagiotti) joliment éclairés ont été récupérés pour limiter les coûts. Le spectacle, réglé sommairement par Andrea Tocchio, scénographe du précédent Nabucco présenté en 2014 et également créateur des lumières, se laisse regarder, la réalisation musicale peinant à convaincre en raison du manque d’homogénéité de l’orchestre, souvent bien discret, dirigé assez mollement pas Valerio Galli dont les tempi alanguis n’avantagent pas la partition.

Après avoir accueilli Anna Pirozzi, l’une des plus brillantes titulaires d’Abigaille, le festival a fait appel à la soprano Ewa Vesin, qui passe totalement à côté d’un rôle dont elle n’a ni la flamme ni le grain de folie. Incapable d’assumer la tessiture, la cantatrice escamote sans scrupule la plupart des difficultés (aigus passés à la trappe, vocalises et chromatismes savonnés, piani inaudibles…) quand elle ne laisse pas sa jeune collègue Andreea Soare (Anna) exécuter à sa place les notes les plus hautes dans les ensembles. Cherchant vainement son personnage, elle ne se montre à la hauteur qu’à l’heure de sa mort où elle parvient enfin à exprimer quelque chose…

Le baryton mongol Ariunbaatar Ganbaatar – que l’on retrouvera en février prochain à -l’Opéra Bastille en Renato d’Un ballo in maschera – est assurément avec Amartuvshin Enkhbat (sans oublier l’immense Ludovic Tézier), l’un des meilleurs Nabucco du moment. Voix saine et bien projetée, maîtrise technique, tout est là pour servir une incarnation juste et vibrante du roi babylonien. L’acoustique aléatoire des lieux ne flatte pas particulièrement le timbre soyeux de la mezzo Marie-Andrée Bouchard-Lesieur, Fenena pourtant idéale, ou celui certes plus pincé du ténor Klodjan Kaçani (Ismaele). Dans un mauvais soir, Dmitry Ulyanov peine à trouver les appuis nécessaires à la ligne vocale de ce Zaccaria à l’instrument enroué et noueux comme un cep de vigne ; Adrien Mathonat est en revanche un excellent Grand Prêtre et, nous l’avons déjà évoqué, Andreea Soare une splendide Anna. Les chœurs, plus que convenables, préparés avec soin par Stefano Visconti, viennent consolider ce travail collectif.

FRANÇOIS LESUEUR

Pour aller plus loin dans la lecture

Concerts et récitals Amazilia à Fano

Amazilia à Fano

Concerts et récitals Otello à Bad Wildbad

Otello à Bad Wildbad

Opéras L’inganno felice à Bad Wildbad

L’inganno felice à Bad Wildbad