Opéras L’inganno felice à Bad Wildbad
Opéras

L’inganno felice à Bad Wildbad

06/09/2025
Paolo Mascari, Francesco Bossi et Xiangjie Liu. © Rossini in Wildbad/Patrick Pfeiffer

Kurtheater, 26 juillet

La reprise de L’inganno felice, production de l’édition 2015 (voir O. M. n° 110 p. 32 -d’octobre), offre un bel écrin aux jeunes talents de l’Akademie BelCanto, dirigée par le ténor Raúl Giménez. Le livret, basé sur le topos classique de l’épouse accusée d’adultère par l’homme même à qui elle n’a pas voulu céder, et condamnée à mort par son mari mais sauvée et que ce dernier retrouve dix ans plus tard, prend quelques résonances singulièrement féministes dans la vision qu’en donne la mise en scène «moderne» de Jochen Schönleber.

La soprano chinoise Xiangjie Liu incarne le personnage central dans un subtil mélange de fragilité et de courage très convaincant. Sa voix de lyrique léger, d’une grande fraîcheur, et sa technique impeccable se déploient avec bonheur dans ses deux airs, dont le second est donné ici dans une version alternative. Dans le rôle du mari tourmenté par ses remords, le jeune ténor Paolo Mascari paraît encore un peu léger, avec un timbre un rien pincé dans l’aigu. Il pourrait offrir à son personnage un peu plus d’engagement scénique, mais d’évidence, sa voix est encore en maturation.

Des trois basses, Eugenio Maria Degiacomi est sans doute celle que la partition met le mieux en valeur, avec une grande scène pour Batone, l’exécuteur des basses œuvres confronté à sa victime, originellement écrite pour le grand Filippo Galli, où il fait preuve d’une grande puissance de projection et d’une maîtrise remarquable de la ligne de chant « ornée » typiquement rossinienne. Dans le rôle plus nettement bouffe de Tarabotto, le sauveur et protecteur d’Isabella, Francesco Bossi paraît particulièrement efficient théâtralement. Quant au méchant Ormondo, malgré la brièveté du rôle, le baryton mexicain Carlos Reynoso y trouve l’occasion de faire valoir un magnifique timbre que sa noirceur promet à des emplois de plus grande envergure.

La cheffe sicilienne Claudia Patanè, remplaçant Antonino Fogliani malade, dirige l’Orchestre Philharmonique de Cracovie avec un sens subtil des nuances dynamiques, beaucoup d’attention au plateau et une vivacité qui met remarquablement en valeur la qualité des pupitres solistes et le charme de la partition de Rossini.

ALFRED CARON

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