Kurtheater, 25 juillet
Après Le Cinesi (2015, repris en 2017), I tre Gobbi (2019, repris en 2021) et L’isola disabitata (2020), Un avvertimento ai gelosi (Un avertissement aux jaloux) est le quatrième opéra de salon destiné à ses élèves par Manuel García que Bad Wildbad sort de l’oubli. Sur un livret de Foppa déjà mis en musique par Pavesi en 1803, le célèbre ténor, créateur du Barbiere di Siviglia, élabore une partition charmante, très néorossinienne, dont les neuf numéros montrent quel niveau était attendu, par le maître, de ses élèves. La jeune Sandrina, courtisée par le Comte de Ripaverde et par son secrétaire Don Fabio, se sert de leurs assiduités pour donner une leçon à son mari, le très jaloux Berto. En marge, Menico, le jardinier, manipule tout ce petit monde et en profite pour essayer de séduire Ernesta, la fiancée que le Comte délaisse.
Montée en collaboration avec l’Accademia di alto perfezionamento du Carlo Felice de Gênes (dirigée par Francesco Meli), cette production légère réunit six solistes accompagnés au piano, ce qui évidemment laisse les chanteurs très à découvert. Globalement, tous possèdent d’excellentes voix, mais leurs performances laissent entendre nombre d’approximations qui interrogent sur leur formation technique. Parmi les meilleurs éléments, on citera la Sandrina de Martina Saviano, parfois un peu trop pétulante à notre goût, et la mezzo Elena Marras, au timbre séduisant mais au chant un rien scolaire dans son petit air de sorbet. Du côté masculin, le ténor Davide Zaccherini n’a guère à chanter mais le fait avec aisance et impose une présence scénique vibrionnante en Menico. Voix puissante mais musicalité limitée, le baryton Willingerd Giménez laisse assez perplexe. Timbre séduisant mais ligne de chant problématique, le Comte du ténor Samuel Di Leo déçoit dès les premières minutes, de même que son secrétaire, le baryton Ernesto de Nittis, particulièrement laborieux dans son duo avec Sandrina. Au final, l’ensemble, malgré une mise en scène efficace, pleine de vivacité et de pointes d’humour qui font mouche, laisse l’impression d’avoir assisté au spectacle de fin d’année de chanteurs débutants plutôt qu’à la prestation de jeunes professionnels en cours de perfectionnement.
ALFRED CARON