Palais Garnier, 4 décembre
Deuxième reprise de la production qui avait marqué, en mars 2008, les débuts d’Olivier Py, à l’Opéra National de Paris (voir, en dernier lieu, O. M. n° 79 p. 65 de décembre 2012). Bien remontée par Joséphine Kirch, elle continue de s’affirmer comme une des versions de référence de l’ouvrage.
Le nouveau plateau vocal rejoint, ou même dépasse, les précédents. Grâce, d’abord, à ses deux héros. En Anne Trulove, Golda Schultz déploie une séduction infinie, ainsi qu’une virtuosité et une sûreté de phrasé, rendant pleine justice à son touchant premier air, comme à la brillante cabalette, qui conclut l’acte I, puis au très émouvant « No step in fear », au II, et au poignant « He loves me still ! », au III.
Non moins enthousiasmant, le Tom Rakewell de Ben Bliss : ténor mozartien au timbre doré, aussi bien lyrique que puissamment dramatique, quand il le faut, jusqu’aux bouleversantes lamentations des scènes finales.
Excellent renouvellement, encore, avec Jamie Barton ; pour ses débuts in loco, la mezzo américaine incarne une fascinante Baba. D’une stature monumentale, quoique d’un moindre relief, en Nick Shadow, Iain Paterson réussit, pourtant, à inquiéter par son apparence obstinément pateline, tandis que Clive Bayley offre un Trulove plus intensément présent que souvent. Quant au pétulant Sellem de Rupert Charlesworth, il sait rester à la limite du surjoué.
À côté des parfaits Chœurs de l’Opéra National de Paris, préparés par Ching-Lien Wu, le seul bémol sérieux va à la direction de Susanna Mälkki, bien en place, sans doute, mais qui manque un peu trop du mordant qu’exige le chef-d’œuvre de Stravinsky.
FRANÇOIS LEHEL