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Une Madama Butterfly d’une belle authenticité à Marseille

13/12/2024
Alexandra Marcellier (Cio-Cio-San/Butterfly). © Christian Dresse

Opéra, 24 novembre

Nous ne reviendrons pas sur la belle production d’Emmanuelle Bastet, créée à Nancy, en juin 2019, et reprise, deux ans plus tard, à Saint-Étienne (voir, en dernier lieu, O. M. n° 178 p. 73 de décembre-janvier 2021-2022). Notre seule interrogation concerne le choix de faire mourir Cio-Cio-San dans les bras de Pinkerton, atténuant la solitude tragique de la fin.

Théâtrale et passionnée, assez poétique par endroits, la direction de Paolo Arrivabeni montre un métier appréciable. On regrette, cependant, que le chef italien ne tienne pas davantage la bride à l’Orchestre de l’Opéra de Marseille – en grande forme, tout comme le Chœur.

Le spectacle est porté par Alexandra Marcellier qui, depuis ses débuts fracassants en Cio-Cio-San, à Saint-Étienne, y a trouvé son rôle fétiche – dans lequel elle a fait maints remplacements remarqués, de l’Opéra de Monte-Carlo, le 21 novembre 2021, à l’Opéra Bastille, le 25 octobre dernier.

Avec cette voix dense et un rien anguleuse, l’entrée sur « Spira sul mare » manque, sans doute, de fragilité juvénile. Mais, très vite, on admire la sûreté technique, la réserve de puissance dans l’aigu, la subtilité de l’incarnation, tant pour la gradation des airs, « Un bel di vedremo » et « Tu, tu, piccolo iddio ! », que pour l’énonciation du texte et la gestuelle. L’authenticité de l’implication émotionnelle vaut à Alexandra Marcellier une ovation méritée.

En Pinkerton, Thomas Bettinger force dans ses premières interventions, mais trouve ses marques dans le duo d’amour, jusqu’à complètement convaincre, au III, dans un rayonnant « Addio, fiorito asil ».

Bien qu’annoncée souffrante, Eugénie Joneau offre une magnifique Suzuki, au timbre somptueux, et d’une très sensible compassion envers sa maîtresse. Marc Scoffoni est un Sharpless valeureux, au baryton mordant, tandis que Philippe Do se montre un Goro cauteleux à souhait.

Triomphe aux saluts, pour cette dernière des cinq représentations marseillaises, à quelques jours du centenaire de la mort de Puccini.

THIERRY GUYENNE

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