Opéras Une Tosca équilibrée à Metz
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Une Tosca équilibrée à Metz

05/12/2024
Francesca Tiburzi (Floria Tosca) et Aquiles Machado (Mario Cavaradossi). © Opéra-Théâtre de l'Eurométropole de Metz/Philippe Gisselbrecht

Opéra-Théâtre, 17 novembre

Après La rondine, en octobre dernier (voir O. M. n° 207 p. 55 de novembre 2024), l’Opéra-Théâtre de l’Eurométropole de Metz continue de célébrer le centenaire de la disparition de Puccini, avec une reprise de sa belle production de Tosca, créée en février 2019 (voir O. M. n° 148 p. 49 de mars).

Paul-Émile Fourny a révisé sa mise en scène, en y intégrant de nouvelles vidéos, réalisées par Julien Soulier. Elles évoquent, au I, Sant’Andrea della Valle et, au III, un jardin – celui, sans doute, de la « casetta » de Cavaradossi –, dont l’allée s’élargit pour devenir la terrasse du Château Saint-Ange, puis le ciel dans lequel s’envole la silhouette de Tosca, dans un effet de travelling avant accéléré très réussi.

La Tosca de Francesca Tiburzi, déjà en tête de distribution, il y a cinq ans, a mûri. Si la soprano italienne paraît moins convaincante dans les coquetteries du I, avec une certaine uniformité dans l’émission, et une petite tendance à chanter en force, elle prend toute sa dimension, au II, dont la vocalité véhémente convient à son « spinto » bien timbré, au médium riche et à l’aigu puissant.

Les années ont infligé à la voix d’Aquiles Machado un vibrato difficile à contrôler, dans le registre supérieur, qui nuit, évidemment, aux deux airs de Cavaradossi – le second se révélant, tout de même, mieux maîtrisé. Mais le ténor vénézuélien fait valoir, dans les parties plus centrales du rôle, une musicalité de grande classe, qui sauve sa prestation.

Devid Cecconi est un Scarpia de bonne école, dont le baryton large convient bien à la noirceur du personnage. Les comprimari ne méritent, quant à eux, que des éloges, depuis le chaleureux Angelotti de Joé Bertili, jusqu’au Spoletta bien caractérisé d’Orlando Polidoro, en passant par l’excellent Sacristain d’Olivier Lagarde.

Malgré les qualités indéniables d’Adélaïde Mansart, on regrette, une fois de plus, que le bref rôle du Berger ne soit pas confié à une voix d’enfant, comme le prévoit la partition – d’autant plus que celles du Chœur spécialisé du CRR de l’Eurométropole de Metz sont parfaites, au I. Homogènes et puissants dans le « Te Deum », les artistes du Chœur de l’Opéra-Théâtre se montrent, au II, d’une remarquable clarté, dans la cantate chantée hors-scène.

La réussite d’ensemble doit beaucoup à la direction précise et engagée de Nir Kabaretti, qui sait trouver, à la tête de l’Orchestre National de Metz Grand Est, un bel équilibre entre lyrisme et drame.

ALFRED CARON

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