Opéra, 17 novembre
Nous disions, lors de sa création, en septembre 2019 (voir O. M. n° 155 p. 49 de novembre), la qualité de cette coproduction d’Hamlet, entre Angers Nantes Opéra et l’Opéra de Rennes, mise en scène par Frank Van Laecke. L’Opéra de Massy la reprend, avec un nouveau chef et une nouvelle distribution – à une exception près –, qui rencontrent un succès mérité.
Armando Noguera sait alléger sa grande voix de baryton et veiller à la fluidité de son discours, dans les trois airs d’Hamlet, comme dans les duos, avec sa mère et sa fiancée. L’Ophélie de Florie Valiquette émeut par la limpidité de son phrasé ; elle compose une scène de folie dans la lignée de celle de Lucia (Lucia di Lammermoor), aux vocalises et à l’aigu sans faille.
Haute stature, voix imposante, Patrick Bolleire incarne Claudius, dont la culpabilité se révèle au cours du tableau avec les comédiens. Dans la redoutable partie de Gertrude, Ahlima Mhamdi affronte son fils, et les aigus du rôle, avec dignité.
Kaëlig Boché, brillant Laërte, Yoann Le Lan, solide Marcellus, Florent Karrer, sonore Horatio, ou encore les deux Fossoyeurs, plaisamment campés par Pablo Castillo Carrasco et Bo Sung Kim, complètent un plateau homogène. Et, comme à Nantes, la grande basse de Jean-Vincent Blot se passerait de toute sonorisation, dans le Spectre du feu roi.
Dirigés par Xavier Ribes, les chœurs d’Angers Nantes Opéra et de l’Opéra de Massy unissent leurs forces, avec homogénéité et sans nul décalage, tantôt véritables agents du drame, tantôt commentateurs mêlés au public.
Sous la battue énergique et souple d’Hervé Niquet, l’Orchestre National d’Île-de-France restitue les subtilités harmoniques du Prélude, ainsi que la complexe polyphonie du grand finale.
PATRICE HENRIOT