Auditorium, 8 novembre
Pour l’Opéra National de Bordeaux, Julien Duval met en scène une production d’Il cappello di paglia di Firenze (Palerme, 1955), qui multiplie les contraintes.
Celles, d’abord, des coupures, ainsi que du choix d’une réduction pour piano. Car, sans remettre en cause la prestation vive et enlevée de Martin Tembremande, l’orchestre nous manque. Et la partition de Nino Rota (1911-1979), privée de ses couleurs et de beaucoup de ses contrastes, perd forcément en impact théâtral.
Autre contrainte, celle d’une production « zéro achat », recyclant des éléments de décors et de costumes, et présentée, de surcroît, sur le plateau de l’Auditorium, qui limite grandement les possibilités d’entrées et de sorties de scène.
Malgré ces restrictions, on ne trouve que de bonnes idées dans le spectacle de Julien Duval : une omniprésence de chapeaux, un mélange de gags visuels et d’un certain lyrisme, ainsi que des costumes très inventifs, d’une époque peu déterminée, signés Aude Désigaux, et des lumières, d’une grande intelligence scénographique, conçues par Michel Theuil.
Le jeu des chanteurs n’en peine pas moins à convaincre dans le vaudeville – certaines scènes tombant à plat, faute de rythme. Ce sont donc, finalement, les ensembles qui fonctionnent le mieux.
La dernière particularité de cette production est que tous ses solistes sont issus du Chœur de l’Opéra National de Bordeaux, dirigé par Salvatore Caputo, qui sonne fort bien dans ses multiples interventions. Si chacun est à la hauteur de son rôle, la distribution reste, cependant, inégale. Ce sont, d’ailleurs, les brèves interventions de la soprano Héloïse Derache, en Modiste, et du baryton-basse Jean-Pascal Introvigne, en Beaupertuis, qui attirent l’attention, nous faisant regretter de ne pas les entendre davantage.
On distinguera la Baronne de la contralto Eugénie Danglade, assumant les excès de son personnage – tout comme l’Achille du ténor Luc Default et le Nonancourt de la basse Loïck Cassin. Mais, dans le couple formé par Anaide et Emilio, qu’incarnent la soprano Maria Goso et le baryton Jean-Philippe Fourcade, le comique a, malheureusement, du mal à prendre.
Si le Fadinard du ténor Daniele Maniscalchi manque d’impact, il le compense par du lyrisme, notamment face à l’Elena de la soprano Rebecca Sorensen, qui domine la distribution par la flexibilité de l’instrument et la beauté du timbre. Et comment ne pas citer le Minardi de Tristan Chenevez, « violon premier soliste » de l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine, impeccable en rival de Paganini ?
CLAIRE-MARIE CAUSSIN