O’Reilly Theatre, 2 novembre
Des trois nouvelles productions à l’affiche de Wexford, cette année, Le convenienze ed inconvenienze teatrali était, assurément, l’ouvrage le moins rare. Même si cette comédie – donnée dans sa version en deux actes, créée à Milan, en 1831– est loin de figurer parmi les blockbusters de Donizetti.
Connue, également, sous le titre Viva la mamma !, elle accorde une place centrale à Agata, la mère toxique d’une jeune soprano, qui fait tout pour mettre en avant sa fille, qu’un emploi de seconda donna condamne, sinon, à un certain effacement.
Paolo Bordogna retrouve ce grand rôle en travesti, dans une mise en scène d’Orpha Phelan qui ne cherche pas midi à quatorze heures, mais rend compte, avec ce qu’il faut de verve, des caprices des divas, des jalousies destructrices et de toutes les vicissitudes du monde lyrique.
Le baryton-basse italien évolue, avec aisance, dans tous les registres vocaux, ses interventions ne suscitant pas que le rire, mais aussi un réel plaisir musical. Et c’est un acteur accompli, qui a le bon goût de ne jamais forcer la dose.
En Daria, la prima donna, Sharleen Joynt témoigne de la brillance attendue. Les aigus sont faciles, et si les premières coloratures manquent de fluidité, la soprano canadienne trouve, peu à peu, ses marques, pour livrer un éblouissant « Glitter and Be Gay » (Candide de Bernstein).
Giuseppe Toia est excellent dans le rôle de son mari Procolo, tout comme Paola Leoci, qui impose son personnage de Luigia, la seconda donna, par une voix puissante et souple, à la projection impressionnante.
Coup de chapeau, enfin, à Alberto Robert, tout à la fois plein de mordant et d’éclat en Guglielmo, le ténor allemand, désopilant dans sa volonté récurrente de remplacer l’opéra en répétition par The Sound of Music (La Mélodie du bonheur) – les références à la famille von Trapp devenant le gag récurrent de la soirée.
La jeune cheffe italienne Danila Grassi s’impose par sa lecture joyeusement décapante de la partition de Donizetti, avec un orchestre irréprochable. Une fois n’est pas coutume, le spectacle le plus réussi de Wexford aura, cette année, mis en avant une œuvre connue.
NICOLAS BLANMONT